Andrew Garfield, les cinéphiles l’ont découvert en 2007, à la faveur de Lions for Lambs, le film de Robert Redford. Dans la foulée, le comédien américano-britannique (né à Los Angeles, il a grandi en Angleterre) allait s’employer à justifier le titre d’acteur à suivre que lui avait décerné le magazine professionnel Variety. De Boy A de John Cromley, en Imaginarium of Doctor Parnassus de Terry Gilliam, on le vit ainsi aligner les prestations choisies des deux côtés de l’Atlantique, The Social Network de David Fincher venant lui apporter une première consécration -il y campait Eduardo Saverin, l’ami des premiers jours roulé dans la farine du succès par un Mark Zuckerberg bien peu élégant sur ce coup-là.

Sans qu’il y ait là nécessairement de lien de cause à effet, le voilà aujourd’hui en redresseur de torts, sous les traits de Peter Parker/Spider-Man, le rôle de (super-)héros qui devrait, à pas encore 30 ans, achever de faire de lui une (super)star. « Mon père m’a fortement imprégné de culture américaine. D’où ma connexion très forte avec Spider-Man, ce personnage fondamentalement américain et new-yorkais », raconte-t-il, alors qu’il boucle à Paris un marathon promotionnel entamé quelques jours plus tôt à Tokyo, avant de passer par Moscou et Londres. Paraphrasant le leitmotiv des trois films de Sam Raimi, il ajoute aussitôt qu’avec le costume de l’homme-araignée vient « une grande responsabilité », encore qu’il ait veillé à ce qu’elle ne l’écrase pas. « Je ne suis pas Spider-Man, et je ne le serai jamais, à l’image de Peter Parker qui reste toujours lui-même: une fois l’habit enlevé, il est le même garçon, confronté aux mêmes problèmes. Cela vaut pour moi également, et c’est un soulagement: le symbole, avec ce qu’il incarne pour tellement de monde, dépasse largement celui qui l’incarne. Même si en revêtir le costume est on ne peut plus cool… Je suis honoré d’avoir eu à protéger le personnage, comme Tobey (Maguire, ndlr) l’a fait avant moi, et jusqu’au moment où un autre prendra le relais. »

Pour devenir le Spider-Man de Marc Webb, Garfield a consenti à un travail physique intense: « J’ai voulu transformer mon corps, afin d’avoir l’air maigre et fort, un peu comme Bruce Lee. Dégager un sentiment de force sans prendre de l’épaisseur est difficile, mais c’était essentiel à mes yeux. La préparation fut tout sauf une partie de plaisir, mais elle s’est avérée gratifiante. » L’acteur a aussi veillé à y intégrer quelques idées de son cru -jusqu’à créer un langage physique inspiré de celui des arachnides. « Nous voulions que le film soit aussi réaliste que possible. Je me suis donc demandé l’impact qu’aurait sur un ado le fait de voir son ADN mélangé à celui d’une araignée radioactive, par rapport à son corps, ses sens, la sensibilité de sa peau, sa relation à l’espace, sa légèreté ou son agilité. Et je me suis donc entraîné à me mettre chaque jour dans la peau d’une araignée afin d’intégrer ces éléments à la mémoire de mon corps et de mes muscles. » Le résultat est on ne peut plus concluant, qui fait du comédien un Spider-Man en tous points convaincant. De là à imaginer une suite à ses aventures, qu’appelle d’ailleurs la fin du film? « Je n’y pense pas encore », sourit-il. Le box-office s’en chargera sans doute pour lui…

J.F. PL.

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