La Maison

C’est en adepte chevronnée du libertinage qu’Emma Becker, après son premier roman remarqué en 2011, Mr, s’est essayée pendant deux ans à revêtir l’uniforme léger de professionnelle du sexe, dans un Berlin bien disposé à l’égard des maisons closes. Répondant à une sorte de défi lancé par un amant, sur l’air du « tu ne tiendras jamais deux jours », et ne doutant en rien de ses qualités de « jolie fille » (on le saura), elle s’abandonne avec froideur aux exigences du métier, trouvant tout de même dans une certaine sororité d’alcôve de quoi se réchauffer le palpitant. Elle peine, sans s’en cacher, à mener à bien son objectif parallèle: celui d’écrire un grand livre/reportage sur le sujet, sillonné de références à Maupassant, Zola, Calaferte, Miller, Gary -exclusivement des hommes, tiens, Despentes, Delaume ou même Grisélidis Réal passant totalement à l’as. Le récit oscille dès lors entre efficace monographie sociologique, considérations plus légères et portraits en mosaïque (de clients, de consoeurs) toujours très réussis. Si la construction pêche par manque de travail éditorial (à l’instar des 60 dernières pages, catalogue d’annexes et de souvenirs disparates), le texte se distingue par une évidente puissance d’écriture, des pages lumineuses, vibrantes, faisant vite oublier d’occasionnelles implosions de platitudes.

d’Emma Becker, éditions Flammarion, 372 pages.

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