Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

LA GALERISTE PARISIENNE MAGDA DANYSZ PROGRAMME UNE EXPO D’OEUVRES INÉDITES DU LÉGENDAIRE FUTURA 2000, NEW-YORKAIS HORS NORME.

Futura: Introspective

GALERIE MAGDA DANYSZ, 78, RUE AMELOT, À 75 011 PARIS. DU 14/06 AU 26/07.

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Ils se comptent sur les doigts d’une main, les artistes urbains qui ont marqué durablement l’histoire du mouvement. Non, ce ne sont pas ceux auxquels les marques en manque de street credibility font régulièrement appel en les présentant comme des cadors. A ce titre, l’un des exemples les plus pathétiques est peut-être l’association entre les montres Swatch et l’inénarrable Billy the artist -dont l’ego est au moins aussi développé que le sens du marchandising… mais inversement proportionnel au talent. Vaste fumisterie. En matière de street style new-yorkais, les noms qu’il importe de retenir sont ceux de Seen et de Futura. Ces deux writers incarnent l’esprit du graffiti tel qu’il s’est développé dans les années 70. Dénominateur commun? Le caractère antisocial, carrément irrécupérable, de la chose. Comme l’écrivait Richard Goldstein, l’ancien directeur éditorial du Village Voice, « (…) le graffiti se dérobe au commerce de masse. De même, on ne peut pas spéculer sur sa valeur, comme l’art officiel. Il est en dehors du marché de l’art, tout comme il échappe à la culture des médias et de la consommation. En conséquence de quoi, il conserve son potentiel original de vérité contenue dans la signature -la vérité de l’inventivité, de la transgression, du moi créé et créatif. Et c’est cette vérité dont il parle au pouvoir. » Irrécupérable est également le contexte économique dans lequel naît le graffiti new-yorkais: misère sociale -en 1973, la ville est au bord du gouffre financier- et criminalité en pleine progression engendrent une situation unique qui fait prospérer l’art urbain. Soit un véritable « momentum » regardé aujourd’hui avec beaucoup de nostalgie. C’est tout cela que condense le travail de Futura.

Profil particulier

Au sein du mouvement et d’UGA -United Graffiti Artists, le crew dans lequel il évoluait-, Futura a toujours fait valoir une signature particulière. C’est d’abord son goût pour l’abstraction qui marque les esprits. Un goût à ce point prononcé que dès ses premiers wagons des lignes de Brooklyn, Futura fait l’impasse sur les lettres, signifiants trop encombrants pour ce qu’il a à révéler. Preuve de cette brèche qui s’ouvre à lui: il est le premier à réaliser un « whole car » sans lettrage. Autre élément marquant: il gagne rapidement l’univers des galeries, sans que quiconque ne l’ait jamais taxé de sell-out, de « vendu ». Le phénomène n’est pas étonnant dans la mesure où la patte de Futura -soit des couleurs intenses en équilibre avec des lignes tendant à la géométrisation du motif- renvoie l’oeil directement à l’expressionisme abstrait et à l’action painting d’un Jackson Pollock. On note aussi une utilisation de la bombe unique qui, entre ses mains, prend des allures de pinceau. Quarante ans plus tard, la galerie Magda Danysz permet de constater que la vitalité qui l’anime depuis ses débuts n’a pas fléchi d’un iota.

WWW.MAGDA-GALLERY.COM

MICHEL VERLINDEN

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