ROBERT ZEMECKIS MET EN SCÈNE L’INCROYABLE ÉQUIPÉE DE PHILIPPE PETIT, FUNAMBULE FRANÇAIS AYANT JOINT LES DEUX TOURS DU WORLD TRADE CENTER SUR UN FIL, EN 1974.

The Walk

DE ROBERT ZEMECKIS. AVEC JOSEPH GORDON-LEVITT, BEN KINGSLEY, CHARLOTTE LE BON. 2 H 03. SORTIE: 14/10.

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Il y a deux films dans The Walk: le premier, flash-back emmenant le spectateur à Paris au début des années 70, charrie tous les clichés véhiculés par Hollywood sur le Vieux Continent en général, et la France en particulier, en quelque vision folklorique peuplée de 4L et de 2CV, enrobée, pour le coup, de fantaisie à la Jeunet, et relevée encore de standards anglo-saxons dans leur version française. Pour caricaturale et incongrue qu’elle puisse paraître, on aurait tort, toutefois, de se laisser décourager par cette ouverture. S’attachant au destin du funambule français Philippe Petit, Robert Zemeckis signe en effet un film biographique tout simplement vertigineux, son meilleur depuis des lustres: Cast Away, voire la trilogie Back to the Future, c’est dire.

Le casse du siècle

L’âme du film, dont il constitue par ailleurs une sorte de Monsieur Loyal, c’est donc Petit -Joseph Gordon-Levitt, choix doublement judicieux, l’acteur américain ajoutant aux qualités physiques une connaissance du français lui permettant d’apparaître crédible. Soit un funambule combinant panache et espièglerie, à qui un article sur les futures tours du World Trade Center devant culminer à 412 mètres dans le ciel de Manhattan inspire un rêve fou: les joindre clandestinement sur un fil, en quelque oeuvre d’art ultime. Et de préparer minutieusement son « coup », devant culminer, à l’aube du 7 août 1974, par sa traversée en suspension dans le vide -il intitulera d’ailleurs son autobiographie To Reach the Clouds.

Adaptant cette dernière, Robert Zemeckis a eu l’excellente idée de l’articuler comme un film de casse. Passé l’apprentissage de Petit, la première partie du film consiste ainsi à réunir la « bande », les divers experts ou assistants-complices qui aideront Petit dans son entreprise. Et l’histoire de gagner en tension à mesure qu’approche l’exécution du plan, suivant une mécanique haletante largement éprouvée. Ce n’est cependant qu’une fois dans les airs que The Walk prend toute sa dimension -ou plutôt ses dimensions, tant l’usage de la 3D se révèle ici magique, propulsant le spectateur au coeur de l’action, dans les nuages surplombant New York. L’effet est proprement soufflant, et l’expérience sans équivalent -on ne se souvient pas avoir éprouvé un tel sentiment de vertige dans une salle de cinéma. Hommage à l’homme et à sa capacité à aller au bout de ses rêves, déclaration d’amour aux Twin Towers et à la ville, The Walk est tout cela à la fois. Zemeckis y apporte aussi la démonstration que l’on peut faire l’économie d’une débauche de pyrotechnie et d’effets pétaradants pour obtenir un film aussi efficace qu’impressionnant: un homme, un câble, deux tours suffisent à y pourvoir, le talent, la technologie et l’imagination faisant le reste. Ce qui s’appelle un divertissement de haut vol.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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