La Bête à sa mère

« Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune, en amatrice. » Le narrateur a quatre ans la première fois qu’il la trouve étendue sur le carrelage de la salle de bain. « Ce n’était pas une scène familiale adéquate, comme on me le confirmerait plus tard. Ça faisait désordre. » Placé par les services sociaux, consumé par sa colère intérieure, l’ado brûle toutes les familles d’accueil de la région. Rêvant d’une carrière de rappeur, il allie ses passions pour la lecture et les menus larcins: aux emprunts définitifs à la bibliothèque succèderont les vols puis les cambriolages. Une fois émancipé, toujours accro à la marijuana et aux jeux vidéo, le jeune homme se shoote aux mensonges, s’invente mille vies. « Quand j’ai rencontré Audrey, mon profil indiquait que j’étais ingénieur; je préciserais plus tard que j’étais ingénieur en recherche d’emploi. » Persuadé d’avoir retrouvé la trace de sa mère, le baratineur cherche à se faire accepter par celle qu’il a tant idéalisée… « On ne se pointe pas chez les gens les mains vides. Il faut des fleurs ou une arme. C’est documenté. » Travailleur social et poète, le Québécois David Goudreault signe un premier roman mal élevé et bien fichu, porté par un humour désenchanté et salvateur. Un récit têtu, bagarreur, fulgurant, dont la bande-son pourrait être les albums des Pixies (remember Fight Club?). Où les chats passent de sales quarts d’heure, les écureuils et les oiseaux aussi du reste. Soit un roman « coup de poing » parce que « c’est quand même des contacts humains. (…) J’ai enfilé ma plus belle chemise, celle avec des flammes, et j’ai quitté la maison. » Du Goudreault et des plumes!

De David Goudreault, Éditions Philippe Rey, 240 pages.

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