L’OMS, un grand corps malade?

Margaret Chan, directrice générale de 2007 à 2017. © THOMAS SCHLOTTMANN

Objet de multiples fantasmes, de projections, d’instrumentalisation rhétorique, l’Organisation mondiale de la Santé voit régulièrement s’abattre sur elle l’ombre de la suspicion. Conflits d’intérêts, lobbying, enquêtes biaisées? La réalisatrice allemande Lilian Franck a décidé de passer à travers l’épais brouillard qui entoure les recommandations de l’OMS, chargée par l’ONU de définir des normes sanitaires pour le monde entier, pour en comprendre la mécanique d’élaboration. Le résultat de ses années d’enquête, factuel, étayé, précis, est révélateur des failles internes du système. Pourquoi l’OMS n’a-t-elle pas véritablement les moyens d’assurer sa mission première, de prendre sereinement des décisions qui vont impacter la santé de milliards de personne à travers le monde, et pour des générations? Affaiblie par un manque de pouvoir réel, elle est infectée par des intérêts privés, des contributeurs douteux, la susceptibilité et les priorités souvent contradictoires de ses 61 États membres. Pas question ici de théorie du complot, juste un diagnostic clinique, patient, même scientifique pour le coup. La plus belle démonstration est liée à l’accident nucléaire de Fukushima: comment le gouvernement japonais, qui a pourtant dramatiquement mis sous le tapis les effets nocifs des radiations, est-il passé entre les gouttes? À côté, la manipulation de l’instance sanitaire internationale par l’industrie américaine du tabac ou l’aggravation artificielle des effets du virus H1N1 paraissent des affaires de petit bras.

Documentaire de Lilian Franck.

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