L’Institution

Et si le chef-d’oeuvre de Christian Binet, ce n’était pas Les Bidochon? En 1981, ça fait déjà quatre ans qu’il a inventé son célèbre couple de Français moyens, d’abord comme faire-valoir de leur chien Kador, ensuite comme personnages principaux, quand paraissent dans Fluide Glacial des récits courts, de quelques strips à plusieurs planches, baptisés L’Institution. Soit le pensionnat catholique où le petit Christian a passé neuf ans de sa vie, et qu’il relate tels des souvenirs d’enfants, à hauteur d’enfants -Binet, on l’appelait Cabinet. Mais cette fois, son humour direct et adulte se mêle de tragédie: ici, c’est l’abbé qui prend un évident plaisir à s’occuper de la corvée des suppositoires ou à censurer le courrier adressé aux parents, là c’est une soeur qui sent particulièrement mauvais et qui oblige les plus sales à porter leur caleçon pleins de caca sur la tête… Une suite de brimades et de souvenirs parfois terribles que Binet a l’élégance de traiter avec un humour et un trait plus légers et lâchés que jamais. À un mois d’intervalle, l’Espagnol Giménez entamait lui aussi la publication dans Fluide de Paracuellos, ses propres souvenirs de pensionnat considérés comme son grand oeuvre. Binet n’était pas loin. Cette nouvelle édition, augmentée d’un dossier, lui redonne sa juste place.

L'Institution

De Binet, Éditions Fluide Glacial, 56 pages.

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