Si elle évoque plutôt, par son esthétique comme par son ton, le Elephant Man de David Lynch, voire The Immigrant, de James Gray, The Knick s’inscrit aussi dans la lignée bien fournie des séries hospitalières. Sans nécessairement remonter jusqu’à General Hospital, diffusée par ABC aux Etats-Unis depuis 1963 (on y découvrit une certaine Demi Moore en 1982), il y a là une longue tradition, en effet, déclinée en modèles multiples, du M.A.S.H. de Larry Gelbart, en 1972, au Grey’s Anatomy créé par Shonda Rhimes en 2005. Inspirée du film éponyme de Robert Altman, Palme d’or à Cannes deux ans plus tôt, la première investit le quotidien d’un hôpital de campagne pendant la guerre de Corée (en une allégorie limpide du conflit du Viêtnam). Opération menée en mode satirique, pour un succès qui ne se démentira pas, une dizaine de saisons et 251 épisodes durant. M.A.S.H. reste toutefois une exception, et la plupart des séries adopteront par la suite un cadre hospitalier plus classique, milieu clos chargé de tension(s) propice aux intrigues les plus diverses, médicales, sentimentales et autres. Un registre que The Knick a d’ailleurs su se réapproprier, puisqu’il y est question notamment de repousser les limites de la médecine, tout en composant avec les rivalités et querelles intestines, suivant un moule dramatique éprouvé.

Créée en 1994, ER (pour Emergency Room), la bien nommée Urgences en français, en respectait un autre, s’attachant, à la suite d’une équipe d’urgentistes de l’hôpital de Cook County, à Chicago, à la dure réalité du terrain (révélant au passage George Clooney). Un modèle qui a essaimé, les quatre saisons de la série française Equipe médicale d’urgence s’attachant au quotidien d’une équipe du Samu, tandis que l’on attend, dans quelques semaines, la première de Code Black, sur celui d’une équipe d’urgentistes du L.A. County Hospital, ben tiens… Non moins emblématique du genre médico-télévisé, Dr House, créée par David Shore en 2004, a imposé Hugh Laurie en même temps que la figure du docteur Gregory House, médecin revêche autant que brillant confronté aux cas les plus épineux, épisode après épisode, au risque de lasser. Quant à Grey’s Anatomy, voilà une dizaine d’années que l’on y retrouve Meredith Grey (Ellen Pompeo) et les médecins gravitant autour d’elle, au sein du service chirurgical de l’hôpital Grace de Seattle, suivant un scénario imbriquant enjeux professionnels et personnels -du (re)cousu main, en somme.

Strong Medicine, L’hôpital, Chicago Hope, on pourrait encore aligner les exemples à l’envi, jusqu’à l’humoristique H, passant, de 1998 à 2002, l’hosto à la moulinette Canal, en compagnie notamment d’Eric, Ramzy et Jamel. La palme de l’originalité revenant toutefois à The Kingdom (L’Hôpital et ses fantômes), l’extraordinaire série imaginée par Lars von Trier en 1994, avec son décor clinique hanté, son humour grinçant et sa teneur fantastique et anxiogène transcendant les lois du genre suivant un principe explosif, américanisé (et aseptisé) dix ans plus tard par Stephen King dans Kingdom Hospital…

J.F. PL.

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