Il filmait « à hauteur d’homme ». Dans tous les genres cinématographiques, c’était un très grand. La Cinematek lui consacre une vaste rétrospective. A ne pas manquer!

Une actualité débordante nous fait bondir d’un film à l’autre, au gré des sorties, des festivals, des parutions DVD ou désormais Blu-ray Disc, voire des titres de plus en plus nombreux proposés via Internet et VOD. Il est essentiel, pourtant, de savoir arrêter le temps, de retrouver une mémoire cinéphile organisée, chronologique et expliquée, offrant un peu d’ordre dans le chaos d’images déferlant sur nos écrans de toutes tailles. Au moment de rouvrir le Musée du Cinéma sous sa nouvelle appellation de Cinematek, la conservatrice Gabrielle Claes fondait l’espoir que l’institution qu’elle dirige puisse mener cette indispensable mission. La rétrospective aujourd’hui consacrée à Howard Hawks s’inscrit parfaitement dans cette perspective à la fois modeste (par le nombre de spectateurs potentiels concernés) et majeure (par l’enjeu d’une transmission qui, par bouche à oreille, ne peut que faire des « petits »).

Hawks, c’est un des plus grands. Un de ces incontournables qui ont modelé le visage du cinéma des années 30 aux années 60. Un « classique », donc, et un artiste américain, donc ayant forcément £uvré dans le contexte des grands studios hollywoodiens au pinacle de leur pouvoir (avec cette originalité qu’il osa être « free lance » et producteur lui-même). Un réalisateur multiple donc.

Un créateur ayant mis ses qualités, son style, au service du polar, du film de guerre, du cinéma d’aventures, de la comédie, du film noir et du western. Le tout avec un égal bonheur et une impressionnante maîtrise, avec aussi des récurrences thématiques qui font de lui beaucoup plus qu’un artisan ou un fabricant de films.

En route vers la gloire

Howard Winchester Hawks (Winchester!) grandit dans l’Indiana, puis dans le Wisconsin, avant que sa famille ne s’installe en Californie. Son diplôme… d’ingénieur, obtenu à l’Université de Cornell sur la côte Est, ne l’empêcha pas de se diriger vers le cinéma, mais après avoir fait son service militaire dans l’armée de l’air, puis gagné sa vie comme pilote d’avions et de voitures de course, et enfin comme de-signer dans une firme aéronautique. D’abord scénariste, puis réalisateur dès 1925 avec The Road To Glory, il mit en scène une petite dizaine de films « muets » avant de réussir aisément la transition vers le « parlant ». Hawks allait révolutionner le film de gangsters avec Scarface, dynamiter la comédie avec Bringing Up Baby, porter le western vers des sommets avec Red River, donner des rôles extraor-dinaires à des acteurs de premier plan comme Gary Cooper (l’admirable Sergeant York), Cary Grant, Humphrey Bogart ou John Wayne.

Il ne gagna aucun Oscar avant celui, honorifique, qu’on lui remit en 1975, 2 ans avant sa mort. Mais le nom d’Howard Hawks reste à jamais associé à l’image d’un cinéma au classicisme épuré, au regard fixé  » à hauteur d’homme » (selon l’expression de Truffaut), précurseur dans l’équilibre des rapports entre les sexes, et soutenu par une ferme exigence morale. Robert Altman, John Carpenter, Jacques Audiard, Quentin Tarantino et Kathryn Bigelow (dont le Hurt Locker est éminemment hawksien) ont tous exprimé dans leurs films leur admiration pour son héritage. l

Du 01/05 au 30/06.

www.cinematek.be

Texte Louis Danvers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content