Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

ADOUBÉE PAR LE PUBLIC ET LA CRITIQUE, LA PREMIÈRE SAISON DE HOMELAND OFFRAIT UN THRILLER PUISSANT QUI, AUJOURD’HUI, A LARGEMENT PERDU DE SON INTÉRÊT.

Homeland – saison 3

UNE SÉRIE SHOWTIME CRÉÉE PAR HOWARD GORDON ET ALEX GANSA. AVEC CLAIRE DANES, DAMIAN LEWIS, MANDY PATINKIN. DIST: FOX.

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Vous vous souvenez de Prison Break? Une première saison dingue, irrésistible. Parce que traversée par un enjeu majeur: Michael Scofield allait-il réussir à s’évader grâce aux plans de la prison qu’il s’était fait tatouer sur le corps? Oui. Il y parvient. Et c’est là que les Romains s’empoignèrent, pour les scénaristes. Parce que sans cet artifice, la suite n’avait plus d’intérêt. Homeland marche un peu dans le même sillon. La première saison, saluée par une pluie de prix, reposait sur une tension liée au personnage de Brody. Revenu miraculeusement d’une détention terrible en Irak, le militaire semait le doute dans l’esprit perturbé de Carrie Mathison, active à la CIA: était-il toujours des leurs, ou avait-il été « retourné » par ses geôliers pour devenir un terroriste en puissance? Seule contre tous, Mathison défendait la théorie du lavage de cerveau. Tout en tombant amoureuse de Brody.

Inspiré par la série israélienne Hatufim, le scénario ne lâchait rien, jusqu’au dénouement de cette première saison: Brody avait bel et bien été transformé en terroriste. Mais dans le dernier épisode, la ceinture d’explosifs qu’il s’apprêtait à faire sauter en plus haut lieu s’enrayait. Un hasard scénaristique bien commode. Qui n’aurait peut-être jamais vu le jour si, à l’instar de Rubicon, autre série d’espionnage aussi âpre que passionnante, Homeland n’avait pas été renouvelée pour une saison supplémentaire. De fait, ce twist peu crédible et peu courageux -les grandes séries n’hésitent pas à sacrifier des personnages principaux- ouvrait la voie à une deuxième saison forcément moins addictive, puisque Brody semblait désormais immortel. Artificiellement. Même si elle restait plus costaude que la moyenne, dans l’ensemble, Homeland avait éteint la flamme.

On ressent la même chose avec cette troisième salve d’épisodes. A ceci près: la prestation toujours plus hystérique de la revenante Claire Danes tape douloureusement sur le système. Celle qui fut la Juliette du Romeo + Juliet de Baz Luhrmann en fait toujours plus en agent bipolaire bafoué par ses supérieurs. Pareil pour Damian Lewis (Brody) qui, lui aussi, semble avoir pris goût aux Emmys et Golden Globes qui décorent sa cheminée. Surenchère… Heureusement que le barbu Mandy Patinkin, qui campe le nouveau patron de la CIA Saul Berenson, parvient à calmer tout ce petit monde. Cette troisième saison lui offre d’ailleurs un rôle plus consistant, Brody étant partiellement « out of the picture »: accusé d’avoir perpétré l’attentat qui, à la fin de la saison précédente, avait anéanti le siège de la CIA, Brody doit quitter le pays. A charge pour Saul et Mathison de retrouver les coupables. Les Iraniens, ce coup-ci. On a parfois l’impression de se retrouver à nouveau dans 24, série qui, malgré une efficacité étonnante, a rapidement tourné en rond. Ce ne sont pas les bonus de ce coffret DVD, inexistants, qui nous contrediront.

GUY VERSTRAETEN

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