L’enfant qui voulait disparaître

En Caroline du Nord, des parents noirs sont à la recherche de leur fils de 5 ans. Il finit par leur révéler qu’il a enfin réussi à devenir invisible. Au chapitre suivant, un auteur fort en gueule fait la connaissance de Charbon, désormais 10 ans, à la peau hypnotiquement noire. Comme sa psy l’a alarmé sur sa capacité hasardeuse à séparer imagination et réalité, l’auteur n’est pas certain que cette rencontre ait eu lieu. Mais à chaque étape de sa tournée pour le livre L’enfant qui voulait disparaître, il doit tenir compte de cette présence. Charbon se raconte, entre brimades et peur de cette police qui a tué de façon abusive de jeunes innocents. Mais aussi William, ce père qui aurait voulu mieux le protéger. Volontiers oublieux d’où il vient, le narrateur ne prend quant à lui acte de son identité que lorsqu’un accompagnateur lui reproche de ne pas en faire un motif militant dans ses livres:  » Je suppose que je suis noir, que je l’ai toujours été« . Se peut-il qu’à force de côtoyer cette conscience infantile, l’auteur réalise la profondeur de son refoulement? Qu’arrivera-t-il quand il devra rentrer dans son territoire natal et faire face à ce qu’il a enfoui? Dans une veine satirique aux strates denses digne de Charles Yu ( Chinatown, intérieur), Jason Mott s’amuse avec la narration non fiable et les biais racistes (le spécialiste des médias est un archétype délicieusement abject). Ce roman bien construit et touchant, expose avec singularité la condition noire dans toute sa complexité.

De Jason Mott, éditions Autrement, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jérôme Schmidt, 432 pages.

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