Fomo. Le mot est lâché. S’il couine encore un peu aux oreilles, il a toutes les chances de rentrer fissa dans le langage courant. Acronyme de Fear of missing out (que l’on peut traduire par l’angoisse de rater quelque chose), le Fomo désigne une éruption sous-cutanée frappant les personnes vivant aux crochets de la technologie. Autant dire presque tout le monde aujourd’hui. Que ce soit pour choisir ses vacances ou pour décider d’une sortie culturelle un soir de semaine, on se retrouve dans la peau du gamin devant le rayon bonbons d’un supermarché: le choix est tellement vaste qu’on n’arrive pas à se décider. Ou plus exactement, faute de pouvoir tout goûter, on redoute de passer à côté de la meilleure friandise. En même temps que le Net a démultiplié l’offre, il a fait grimper en flèche le risque de se planter. Une démangeaison quotidienne qui peut virer à la torture mentale. Et venir nourrir une forme nouvelle de dépression. Si au milieu d’une soirée qui prend l’eau, des amis qui ont opté pour le plan B vous inondent de textos, de mails ou de tweets débordant d’enthousiasme, c’est comme si quelqu’un versait un trait de vinaigre dans votre caïpirinha. Grimace assurée. On est mariés à son smartphone, pour le meilleur et pour le pire… Quand bien même on aurait oublié son doudou électronique, on ne perd rien pour attendre. On constatera les dégâts le lendemain en se connectant à Facebook, qui aura enregistré la palpitation des meilleurs spots qu’on aura lamentablement… loupés. Alors qu’on se croyait bénis des dieux de la consommation, on découvre qu’on a bien du mal à gérer la frustration face à l’abondance. Une chaîne a remplacé une autre… Je commence quel livre de la pile? Je vais au cinéma ou je regarde un DVD? Ah mais j’oubliais, quelqu’un m’a dit que je devais absolument voir ce spectacle de danse… Trop de choix nuit gravement à la santé. C’est même scientifiquement prouvé. Le site de veille Largeur rapporte ainsi les résultats des expériences de la psychologue Sheena Iyengar, auteure de The art of choosing, qui mettent en évidence les effets déstabilisants d’une trop grande diversité. A nos dépens, les nouvelles technologies nous révèlent de nouvelles facettes de nous-mêmes. Elles ne rebattent pas seulement les cartes de nos habitudes (en nous laissant par exemple la main pour composer la tracklist du nouvel album de Kaiser Chiefs, au secours encore une sélection!), elles accouchent d’un nouvel Homme aux contours encore flous. Seul remède pour échapper cet été au bruit de fond ambiant et ne pas succomber au syndrome Fomo? Couper son iPhone, son Blackberry ou toute autre bestiole à puces et se fier aux propositions indécentes de ce spécial festivals riche en vitamines C (comme Culture)…

PS: la semaine prochaine, Focus passe à l’heure d’été. Mais ne se la coule pas douce pour autant. Avec nos séries (sur les villes de cinéma notamment) et nos dossiers d’actu, vous ne bronzerez pas idiot… Et pour ceux qui n’ont d’yeux que pour les festivals, c’est sur notre site www.focusvif.be et les réseaux sociaux que ça se passe. Compte rendu en live, reportages photo, hot news. Toute l’équipe est sur le pont pour vous faire traverser l’été « on the wild side ». Retour à… l’anormal le 26 août avec un numéro de rentrée VIP only. l

PAR LAURENT RAPHAËL

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content