Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

RÉÉDITION D’UN DOUBLE ALBUM SORTI EN 1975 AU SOMMET DE LA ZEPPELINMANIA: PHYSICAL GRAFFITI INCARNE L’ÉCLECTISME ZÉNITHAL DU QUATUOR.

Led Zeppelin

« Physical Graffiti »

DISTRIBUÉ PAR WARNER.

9

Novembre 1973: le Zep rentre en studio pour enregistrer un successeur à Houses of The Holy, paru huit mois auparavant. En cinq ans, le groupe a bouclé autant d’albums et 25 tournées, neuf rien qu’en Amérique du Nord. Le bassiste-claviériste John Paul Jones, saturé, hésite quant au job qu’on lui propose, soit… chef de choeur à la Cathédrale de Winchester. Un break et deux messes plus tard, il réintègre la bande qui, début 1974, boucle huit chansons en studio. Led Zep ramène alors sept inédits pour réaliser un double album, format symbole de l’aristocratie rock absolue, de Dylan (Blonde on Blonde)aux Beatles (White Album).

Vatican II

Le double s’ouvre donc sur deux titres zeppelinesques –Custard Pie et The Rover- emballés dans la même guitare cisaillée, le second l’emportant par son courant d’aigus vers la jouissance. Plant chante à flux tendu, comme si sa permanente chez le coiffeur ne pouvait plus attendre. La température monte d’un cran sur In My Time of Dying, remake d’un Blind Willie Johnson de 1927: la slide de Page, salement charnelle, joue le supplice chinois de la goutte d’eau avant de transformer les chicanes lascives en bacchanales avérées. Débutée sans génie par Houses of The Holy, inédit des sessions de l’album en question, la seconde face du premier LP (dans le format original) prend alors d’autres grandeurs. Sur Trampled Under Foot, JP Jones, qui a flashé sur Stevie Wonder, fait gondoler son clavinet à la Superstition, et une armée de fourmis funky prend d’assaut le vaisseau blues. Irrésistible. Le terme habille d’emblée Kashmir,orchestré par l’un des plus fameux riffs de guitare de l’histoire (du riff). Aussi himalayesque que sa référence géographique aux confins du Pakistan, de l’Inde et de la Chine, il incarne une décoction novatrice des styles indiens et moyen-orientaux. Ses huit minutes vingt-huit déploient leur derviche hypnose sur le mellotron de Jones et ses arrangements de cordes sultanesques, alors que Plant et Bonham complètent la partition ondulante. Page, en producteur transcendantal, livre le plus beau moment de sa carrière. Qui éclipse un brin le second LP, moins flamboyant malgré ses pics, dont ce In The Light où l’orgue de Jones -encore lui- prend des proportions papales. D’ailleurs, Physical Graffiti est un peu à Led Zep ce que le concile Vatican II fut à l’Eglise catholique. Une ouverture majeure au monde.

EXISTE EN SIX FORMATS, DONT LE TOP EST LE SUPER DELUXE EDITION BOX SET COMPRENANT L’ALBUM ORIGINAL PLUS UN DISQUE DE HUIT INÉDITS ET RARETÉS EN DEUX CD, TROIS LP, UN LIVRE ILLUSTRÉ DE 96 PAGES, UN « ART PRINT » ET UNE CARTE POUR TÉLÉCHARGER LE TOUT EN HD.

PHILIPPE CORNET

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content