JENNIFER LAWRENCE CRÈVE L’ÉCRAN DANS WINTER’S BONE, LE FILM DE DEBRA GRANIK, OÙ ELLE CAMPE UNE FIÉVREUSE REE DOLLY. APRÈS LES OZARK, LE MONDE?

Il y a d’abord une image, inoubliable: celle d’une jeune fille, le bonnet vissé sur le crâne, et une détermination farouche se lisant sur un visage alternativement barré d’une moue boudeuse et d’un sourire triste, engagée dans une voie dont rien ne semble pouvoir la détourner. Soit Ree Dolly, l’âme de Winter’s Bone, un film dont elle habite chaque plan. Et le rôle qui devrait mettre la carrière de Jennifer Lawrence sur orbite, hollywoodienne ou autre -au petit jeu des comparaisons, on dirait qu’il y a du Scarlett Johansson à l’état brut chez cette actrice que l’on avait pu apprécier auparavant dans The Burning Plain, de Guillermo Arriaga.

Là, alors que l’on devise avec elle dans une suite d’un hôtel londonien, on est tout d’abord frappé par sa maturité. A 20 ans à peine, Jennifer Lawrence n’est pas du genre à s’émouvoir outre mesure de l’attention médiatique (et professionnelle) que lui vaut le film de Debra Granik – « On espère toujours d’un film qu’il constituera un tournant. Je constate que je suis plus sollicitée, mais c’est à peu près tout. Lorsqu’une carrière fleurit, on est trop occupé pour en prendre pleinement conscience.  » De même, vous explique-t-elle, c’est presque tout naturellement qu’elle est devenue actrice, après que des agences new-yorkaises l’ont approchée lorsqu’elle avait 14 ans. Elle quittait alors son Kentucky natal avec l’assentiment familial, pour enchaîner les étapes d’une carrière déjà fructueuse -si le public international la découvre aujourd’hui, The Poker House lui avait valu un début de reconnaissance américaine dès 2008.

Tourné dans les monts Ozark, au Missouri, Winter’s Bone l’a rapprochée de ses origines géographiques. Debra Granik confie ainsi avoir été séduite notamment par l’intonation de Jennifer Lawrence, « belle et lyrique », et voisine de celle des montagnes. Le reste serait affaire, outre de son talent, de tempérament; une qualité dont l’actrice n’est, à l’évidence, point dépourvue: « Ree a de la ténacité. C’est quelqu’un qui n’accepte pas non comme réponse, et s’emploie à rendre possible l’impossible. J’admire profondément cette force.  » Constat qui en amène un autre: « Il est rare de rencontrer une protagoniste féminine, en particulier si jeune, qui passe par ce type d’expérience. Le parcours de Ree n’est absolument pas sous-tendu par un enjeu romantique, parce que ce n’est pas nécessaire, et c’est quelque chose que j’ai énormément apprécié.  »

On ne s’étonnera donc pas outre mesure de la voir enchaîner les rôles d’une sombre densité, la Mariana de The Burning Plain ayant anticipé la Ree de Winter’s Bone. « Ce n’est pas leur noirceur qui m’attire vers ces rôles, mais la qualité de ces personnages et de leurs histoires », souligne toutefois l’actrice qui, s’agissant d’explorer les zones les plus sombres, précise encore s’en remettre à son imagination. Méthode qui ne lui a pas trop mal réussi, elle dont le futur passe par The Beaver pour Jodie Foster – « je n’ai jamais rencontré quelqu’un ayant autant les pieds sur terre »-, et les X-Men. Après les Ozark, Hollywood et le monde?

RENCONTRE JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À LONDRES

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content