Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

SON PÈRE EST UNE TERREUR DES SALLES DE DOUCHE. SA MÈRE S’EST ÉCRASÉE SUR UNE DES TOURS JUMELLES. ELVIS PERKINS DÉVOILE UN TROISIÈME ALBUM DÉPOUILLÉ ET HABITÉ.

Elvis Perkins

I Aubade

DISTRIBUÉ PAR MIR RECORDS.

7

Il y a des noms et des pedigrees plus difficiles à porter que d’autres. Des arbres généalogiques qui s’apparentent à des dictionnaires de célébrités où les couturières en vue côtoient les médiums et théosophes (la théosophie est une doctrine fondée sur la théorie de la sagesse divine). Où les astronomes italiens se frottent aux experts d’art et aux grands athlètes (dans le cas présent l’une des premières femmes inscrites au Basketball Hall of Fame). Né le 9 février 1976, Elvis, qui doit son prénom à l’amour que son père portait au King et ressemble aujourd’hui à un gosse caché de John Lennon, est le fils de l’acteur Anthony Perkins et de la photographe de mode Berry Berenson. Soit le gage d’une vie mouvementée marquée par la mort de son paternel, le flippant Norman Bates d’Hitchcock et de son Psychose, emporté par le sida en 1992 et le décès de sa mère, protégée de Diana Vreeland, le 11 septembre 2001. Lorsque l’avion d’American Airlines partit violemment s’écraser sur la première des deux tours jumelles.

Sur le tard…

Révélation en 2007 par le joli Ash Wednesday. Confirmation deux ans plus tard avec le plus lumineux, entraînant et kinksien Elvis Perkins in Dearland mis en boîte par un producteur renommé collaborateur de Public Enemy et de Bob Dylan. L’Américain, débarqué comme un Baxter Dury sur le tard (pas plus mal sans doute pour un fils de…), avait démontré toute son élégance avant de disparaître discrètement de la circulation… Alléluia. Résurrection. Son troisième et nouvel album I Aubade est un retour aux enregistreurs quatre pistes de ses 20 ans. Au confort et à l’intimité de son chez soi. Enregistré à domicile et chez des amis à Hudson, Dallas et Los Angeles, loin des grands studios impersonnels et aseptisés, des ingénieurs et producteurs, I Aubade est une histoire de renouvellement, de rajeunissement, de guérison et de transformation… « La musique, dit Perkins, a ce pouvoir de soigner, de changer et de réveiller. J’ai le sentiment qu’il est de ma responsabilité de mettre mon grain de sel, de propager la lumière et de continuer à m’efforcer de faire le bien… »

Plus simple, dépouillé et touchant que ses deux prédécesseurs, I Aubade est sans nul doute aussi ce qu’Elvis a sorti de plus convaincant et personnel. Un disque au casting duquel on notera la présence de quelques-uns de ses anciens musiciens, de sa copine Becky Stark (Lavender Diamond), de la chanteuse Cornelia Livingston et du multi-instrumentiste moustachu Frank Fairfield, aperçu l’an dernier lors des Feeërieën chères à l’Ancienne Belgique. Mais surtout un album acoustique qui porte idéalement son nom. L’aubade, qui trouve ses origines dans les chansons des troubadours de Provence, est un terme littéraire désignant un concert donné à l’aube sous une fenêtre pour une femme qui dort. Et il y a de ces charmes dans les compositions d’Elvis subtilement pimentées d’harpes, de flûtes et de field recording. All Today et le refrain d’& Eveline se promènent dans les bois avec Devendra Banhart. AM fanfaronne tout bringuebalant. Là où Hogus Pogus a le folk rêveur… Abracadabra.

JULIEN BROQUET

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