S’essayant à la mise en scène avec La Fille du puisatier, Daniel Auteuil ne vient jamais que compléter la longue liste des comédiens que titilla un jour le désir de passer de l’autre côté de la caméra. D’acteur à auteur, il n’y a qu’une lettre de différence, et, bien souvent, un pas tout au plus, précepte maintes fois vérifié, de Vittorio De Sica à Jodie Foster, d’Ida Lupino à Mathieu Amalric -soit quelques-uns à peine de ceux à s’être engouffrés dans la voie ouverte par les génies du burlesque, Chaplin et Keaton en tête.

En la matière, l’exhaustivité est un leurre. Et la réussite est forcément inégale: pour un Charles Laughton ayant laissé comme unique réalisation un chef-d’£uvre absolu, La Nuit du chasseur, ils sont nombreux à s’y être cassés les dents. Ainsi, récemment encore, de Johnny Depp avec The Brave, ou de Vincent Gallo, au gré de diverses tentatives semblant n’avoir d’autre vocation que nombriliste. Dans l’interstice, on trouve de tout, ou peu s’en faut. Il y a ceux qui semblent n’avoir envisagé la mise en scène que comme un « one shot »: Marlon Brando avec One-Eyed Jacks, ou Al Pacino avec Looking for Richard sont 2 exemples d’une pratique qui n’exclut certes pas la réussite artistique -voir encore Tim Roth avec The War Zone, Alan Rickman avec The Winter Guest, Gérard Depardieu avec Un pont entre deux rives ou James Caan avec Hide in Plain Sight, tous films restés injustement méconnus.

Parcours parallèles

Il y a ceux, encore, ayant navigué entre l’une et l’autre formes d’expression: stars hollywoodiennes comme Kirk Douglas ou Burt Lancaster, française comme Alain Delon, des comédiens ont trouvé dans la mise en scène un véhicule commode et parfois plus. Jusqu’à, pour certains, esquisser des parcours parallèles: Jodie Foster ou Ida Lupino, certes, mais aussi Laurence Olivier, Paul Newman, Jean-Louis Trintignant, Jack Nicholson, Kenneth Branagh, Liv Ullmann, Mel Gibson, Tim Robbins, Tom Hanks, Robert Duvall, Michel Blanc, Sean Penn, Robert DeNiro, Guillaume Canet, Ben Affleck, Sophie Marceau, George Clooney, Ed Harris, Yvan Attal, et on en passe, en sont divers exemples. A qui il convient d’ajouter les Robert Redford ou autre Clint Eastwood, dont la personnalité d’acteur s’est bientôt confondue avec celle de réalisateur.

Au vrai, l’autre côté de la caméra semble exercer comme un attrait irrésistible sur les comédiens: de même qu’il ne se passe plus guère de festival où l’on ne découvre les essais, courts ou longs d’ailleurs, d’acteurs doublés de metteurs en scène débutants (Gael Garcia Bernal ( Deficit) et Kirsten Dunst ( Bastard) ont ainsi eu les honneurs de la Semaine de la Critique, à Cannes, et Natalie Portman ( Eve), ceux de la Mostra de Venise), l’actualité cinématographique bruit des projets de comédiens-réalisateurs -ainsi, pour l’heure, de J’enrage de son absence, le second long de Sandrine Bonnaire, de Jack Goes Boating, premier long métrage de Philip Seymour Hoffman, ou encore de Monsieur Papa, celui de Kad Merad, le partenaire de… Daniel Auteuil dans La Fille du puisatier. Une réalité qui vaut aussi pour le cinéma belge: Jonathan Zaccaï s’apprête à réaliser un premier film, Tout le monde peut se tromper, alors que Les Géants de Bouli Lanners sont attendus dans quelques semaines sur les écrans. Quant à Lucas Belvaux, il poursuit son remarquable parcours de cinéaste avec Une nuit

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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