L’Annexe

Il est regrettable qu’on connaisse moins en Europe qu’au Québec la palette des possibles de Catherine Mavrikakis. Puisse ce déséquilibre se réparer alors que reparaît Deuils cannibales et mélancoliques (son premier roman, peuplé d’Hervé disparus) et qu’est publié L’Annexe, trouble palais des glaces, entre Cluedo intertextuel et Décaméron. Nous y voilà en filature d’Anna, espionne globe-trotter dont le sentiment de foyer ne se déclenche qu’à Amsterdam, dans la cachette qui a abrité Anne Frank. À force de s’y attarder, elle finit par y être suivie et son organisation se voit contrainte de prendre les devants et de l’exfiltrer. Persuadée qu’on l’a conduite à Montréal et désormais enfermée sous surveillance, la narratrice doit obéir aux facéties codées de son gardien cubain, l’énigmatique Celestino, prompt à dégainer des références d’auteurs. Existe-t-il une porte de sortie dans ce labyrinthe? Parvenir à nous réjouir en plein lockdown avec un facétieux roman d’espionnage et de captivité, voilà qui force l’admiration. À partir d’un monde confiné, Mavrikakis crée un rhizome à mille portes et, comme le ferait Vila-Matas, nous conforte dans la puissance de la littérature. Une délicieuse cerise.

De Catherine Mavrikakis, éditions Sabine Wespieser, 240 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content