Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

23.20 TF1

PRéSENTÉ PAR ARNAUD LEMAIRE.

Que ferions-nous sans Endemol? Quelle usine à créativité télévisuelle, quel puits sans fond! Avec son nouveau concept, le bras armé de TF1 et de toutes les chaînes en panne de trashitude fait dans le recyclage et dans l’économie d’énergie: L’amour est aveugle, c’est Tournez Manège sans mur entre les cobayes et surtout, idée géniale, sans électricité! Trois gars, trois filles, bien foutus souvent, parfois plus quelconques. On se renifle, on se touche puis on se touche pour de vrai aussi, parce qu’on est dans le noir -apparemment, des seins dans le noir, c’est plus vraiment des seins-, et on s’écoute. Ahhh, l’écoute… Importante, l’écoute, puisque 98 % des candidats s’embarquent dans ce jeu de société pour « trouver l’amour de leur vie », voire, pour les plus téméraires, les mères et pères de leurs enfants. Formidable, le casting, une fois de plus!

Mais reprenons dans l’ordre, tant de subtilité nous emmenant sur les routes sinueuses d’un enthousiasme déstructurant. D’abord, il y a Arnaud Lemaire. L’animateur-playboy, là, sur la photo. Un ancien mannequin d’ici, maqué à une Claire Chazal craquelée et qui aurait probablement mieux fait d’intégrer le casting d’ Inglorious Basterds -mettez-lui un uniforme de la Wehrmacht, juste pour voir ce que ça fait- plutôt que celui de ce ballon d’hormones. « L’amour est-il vraiment aveugle? », se demande le bellâtre, entre autres phrases définitives sorties tout droit d’un vieux magazine pour Californiennes retapées de partout. Difficile de décrire la voix et le phrasé du bonhomme, disons simplement, pour ceux qui se souviennent de la hiératique Céline Géraud, qu’ils donneraient presque envie de se refaire une volée de feux de camp sur l’Ile de la Tentation.

ANTI-HéRO MAGNIFIQUE

Catastrophique, la présentation de l’émission s’éclipse heureusement rapidement devant l’apparition des candidats… Six âmes -et bientôt 8, pas d’émission Endemol sans concurrence effrénée- en mal d’amour. Réunis dans une somptueuse villa, ils ne peuvent se côtoyer que dans le noir, là où le physique n’a prétendument plus droit de cité. Alors, ici, tout de suite, on a une pensée pour Eric. Eric, ou plutôt l’Inspecteur Terrick, anti-héro magnifique de cette première salve d’émissions: à peine entré dans l’obscurité, l’homme, la quarantaine perdante, se présente en insistant si lourdement sur la liaison sonore entre le « c’est » et le « Eric » du « salut, moi, c’est Eric » qu’il est immédiatement rebaptisé Inspecteur Terrick par son concurrent. Un calvaire long d’une heure et demi pour Eric, avec une apothéose de tristesse: sur le balcon de la villa, Terrick regarde s’éloigner pour toujours la bimbo écervelée qu’il rêvait d’enlacer. Dans le noir, il était le père des ses enfants. Dans la lumière, il est redevenu Eric la lose. « Comme d’habitude… L’amour, c’est pas pour moi », conclut-il. Déchirant. l

Guy Verstraeten

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