Au fin fond d’un quartier reculé de la capitale, Almaz construit des guitares pour les stars. L’association Music Fund est passée par là….

On pourrait l’écouter pendant des heures. Avec son phrasé multicolore et sa gouaille qui roule les « r » comme des boulettes de manioc, Almaz passe pour un croisement entre BB King et l’acteur Ossie Davis. Posez une question, une seule, et l’artisan enclenchera une logorrhée joyeuse et bondissante. Avec Socklo, il est l’un des 2 principaux luthiers de Kinshasa. Tout commence en 64. Agé de 15 ans, il n’a pas d’argent pour s’acheter un instrument. Du coup, il construit lui-même sa première guitare. « Je me rappelle avoir utilisé des plaques de contreplaqués, utilisées pour les caisses de cigarettes Belga », rigole-t-il. C’est un coup de maître, et bientôt d’autres viennent lui commander une six cordes. Petit à petit, l’atelier devient petite entreprise qui occupe jusqu’à 18 personnes. Mais la guerre passera par là. « Le bois que j’utilisais venait de Kisangani qui était occupée. Dans le même temps, j’ai perdu pas mal de clients. » Aujourd’hui, Almaz travaille seul. Il a bricolé la plupart de son outillage et doit composer avec les coupures de courant. Pas simple… Depuis quelques temps, Almaz peut cependant à nouveau un peu souffler. Avec les commandes que lui amène Music Fund, le luthier s’en sort plus facilement. Parmi les clients des 2 luthiers de Kinshasa, on trouve ainsi des gens comme Axelle Red ou Philip Catherine…

Bonne note

Cela fait près de 4 ans maintenant que s’est constituée l’association belge. L’idée derrière Music Fund? Soutenir « des écoles de musique et de jeunes musiciens dans les pays en voie de développement ou en conflit ». Cela passe par la collecte et l’envoi d’instruments. Mais aussi par des formations délivrées sur place. A l’automne dernier, Sébastien Aubry et Olivier Marie ont ainsi passé 2 mois à Kinshasa. Les 2 jeunes Français ont pu aiguiller et former Serge, Aimé et Boniface, tous 3 étudiants à l’Ina, l’Institut national des Arts. Sébastien a travaillé les cuivres, Olivier les pianos. Il explique: « Il n’y a pas beaucoup de pianos. Mais il est utilisé pour apprendre le solfège. Et sur un piano qui sonne faux, il est impossible d’apprendre aux enfants. On en a vite pour 100, 200 heures de travail. » Sébastien prolonge: « Evidemment, 2 mois c’est court. Mais tout est tellement abîmé que le travail qu’on arrive à réaliser ici reste utile. » Le travail n’est pas toujours simple: il fait souvent très chaud à l’intérieur de l’atelier, et ce n’est pas forcément évident d’accorder un piano quand des répétitions ont lieu dans une des classes adjacentes. Mais le boulot donne des résultats. In fine, le but est que l’atelier serve non seulement pour l’Ina, mais qu’il soit également ouvert aux commandes extérieures, réinjectant ainsi des sous dans l’école. Olivier: « On a par exemple passé un contrat avec l’ambassade d’Ethiopie. Et puis rien qu’ici, il y a 6, 7 pianos. Donc il y aura toujours du travail… »

www.musicfund.be

Texte laurent hoebrechts

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