La moitié du duo-brûlot NTM est désormais quinqua. Et toujours rappeur: il doit en être le premier étonné… Ces derniers temps, Bruno Lopes avait d’ailleurs largement disparu des écrans radars hip hop, échangeant l’adrénaline de la scène contre celle du poker, dans lequel il est passé pro. On l’a vu également s’essayer au cinéma (face à Huppert, dans Abus de faiblesse). Autant d’éléments qui accréditaient la thèse que Crise de conscience, sorti en 2009,était bien son dernier album. Sept ans plus tard, voici pourtant Sur le fil du rasoir. Le pourquoi? Il l’explique dès l’entame du disque: « Je fais ça pour le kif/Je suis pas vraiment en galère/Ça fait longtemps que j’écris plus à la lumière du lampadaire. » Le comment? « Il y a deux ans, Busta Flex m’a invité sur le morceau Soldat. Cela m’a redonné l’envie. »

Sans pression, mais pas sans tension, Sur le fil du rasoir voit Kool Shen s’essayer notamment aux sonorités du moment. « Ce n’est pas de la pure trap non plus. Mais c’était intéressant de prendre une couleur plus actuelle, et de voir si je pouvais adapter mon flow, le faire passer de 80-90 BPM à 65-70, sans essayer pour autant d’être quelqu’un d’autre. » Kool Shen reste en effet Kool Shen. La désillusion en plus? Sur le fil du rasoir a du mal à cacher son amertume. « Si tu regardes autour de toi, l’heure n’est en effet pas à la joie. Mais Crise de conscience n’était pas d’une gaieté absolue non plus (rires). En gros, cela reste dans la même veine, que l’on creusait déjà dans NTM. » A ceci près: Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu? a été remplacé entre-temps par Faudra t’habituer… « Oui, mais le titre de NTM a quasi 20 ans. D’une part, je ne vois pas l’intérêt de refaire la même chose. De l’autre, il faut bien constater que Le Monde de demain, qui était quasi notre premier morceau, n’est jamais arrivé. Donc, oui, il y a un côté peut-être plus désabusé. » En toute fin de disque, Kool Shen glisse toutefois Debout: « Je plaide pour l’unité/les coudes serrés (…) J’ai grandi dans la mixité/je me suis fait en additionnant ce qui était censé nous diviser. » « C’est le dernier morceau que j’ai écrit, juste après les attentats de novembre. J’avoue que j’étais assez pessimiste. Mais aujourd’hui, j’espère que ces événements serviront au moins à réveiller les consciences, sur la notion de solidarité, du vivre ensemble. » Ces derniers jours, place de la République, le mouvement de contestation de la réforme du Code du travail a mué en un élan citoyen plus large. Son nom: Debout…

KOOL SHEN, SUR LE FIL DU RASOIR, DISTR. DEF JAM/UNIVERSAL.

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