Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.25 LA UNE

DE SAMUEL TILMAN.

Pas le souvenir, dans notre cursus scolaire obligatoire, d’avoir un jour abordé sérieusement les pérégrinations belges dans l’embouchure du fleuve Congo. Pas de traces, ou si peu, des petites misères et gros massacres que notre noble patrie a sur la conscience, emmenée par le plus mégalomane des souverains de l’histoire belge, Léopold II et son improbable barbe en parallélépipède rectangle. Que les enseignants en soient informés: la série documentaire en trois épisodes diffusée par La Une, ces samedi, dimanche et lundi, est un modèle du genre porté par une recherche scientifique de longue haleine, par d’étonnants documents d’archive et dynamisé par de petits dessins animés didactiques. Un procédé qui permet d' »interviewer face caméra » les figures historiques qui ont notamment façonné « à la belge » l’histoire de ce pays aussi vaste que riche en matières premières.

LIBéRATEUR HYPOCRITE

Mais le documentaire (partie 1: La course effrénée) démarre bien avant l’appropriation du Congo par Léopold II: fin du XVIe siècle, le négociant portugais Duarte Lopez débarque avec sa caravelle sur ce gigantesque fleuve d’Afrique centrale. Objectif: trouver des esclaves pour les exporter en Amérique. Durant trois siècles, le Congo, régime dynastique hiérarchisé, royaume ancestral, va subir d’innombrables pertes dues à l’esclavage. Lequel fracassera plusieurs millions d’âmes. Persuadé qu’un pays qui compte se doit de détenir une colonie, Léopold II va se servir du prétexte esclavagiste pour jouer les libérateurs hypocrites. Après des années de batailles diplomatiques en coulisses pour s’approprier le territoire, le souverain belge finit par s’offrir le Congo, éphémère Etat indépendant avant que le gouffre financier dans lequel s’est jeté le roi bâtisseur le pousse à céder ce géant d’Afrique au nain d’Europe -pas au niveau industriel, où le plat pays est une grosse puissance européenne- qu’est la Belgique.

Le documentaire de Samuel Tilman s’attache à relater 4 siècles (de 1510 à 1908) d’histoire congolaise, davantage celle des explorateurs que celle des autochtones, pour lancer ce trio de films. Le lendemain, dimanche, la deuxième partie sera consacrée au ventre du XXe siècle, jusqu’à l’indépendance, tandis que le dernier morceau du triptyque, lundi, abordera le Congo contemporain. Nécessaire, quand le devoir de mémoire a parfois tendance à oublier de balayer devant sa propre porte. l

Guy Verstraeten

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