Comme précisé dans la prière d’insérer, Jun ne raconte pas l’histoire d’un gamin autiste qui, grâce à la musique et à l’amour inconditionnel de ses parents, va réussir à surmonter son handicap. C’est le récit du combat de ses parents contre les préjugés et la discrimination envers l’autisme dans un pays aux conventions sociales particulièrement ancrées dans la vie de tous les jours: la Corée du Sud. Jun, l’aîné de la famille, a commencé à parler très tard. Ses parents se rendant compte du problème se sont tournés vers plusieurs spécialistes, des plus farfelus aux plus conventionnels et ont enchaîné gymnastique, acupuncture mais également prières au temple et séances de spiritisme avec des chamanes réputés. Refusant d’inscrire leur enfant dans l’enseignement spécialisé, ils se sont coupés en quatre pour que celui-ci puisse suivre les cours à l’école du quartier. C’est là que le gamin fait la connaissance d’une enseignante spécialisée dans le pansori, l’art du récit chanté accompagné d’un tambour à double face, extrêmement populaire en Corée. Vers dix ans, Jun prononce ses premiers mots. C’est également à cette période qu’il se met à la guitare, à la batterie et au piano et devient un petit prodige de la musique. Le récit que fait Keum Suk Gendry-Kim est raconté au travers des yeux de Yunsun, la soeur cadette de Jun. Petite fille « normale », elle sacrifie à la tradition de s’effacer devant l’aîné. Elle le fait sans rancune mais se pose toujours la question de sa place dans la famille. Elle observe également sa mère qui, toujours inquiète, n’arrive pas à couper le cordon d’avec son frère, l’empêchant de prendre son envol dans la mesure de ses capacités. Raconté avec humilité, cette bande dessinée aurait pu s’appeler Yunsun, tant l’affection du lecteur finit par se porter sur cette soeur cadette dévouée et fine observatrice des relations humaines.

Jun

De Keum Suk Gendry-kim, éditions Delcourt. 250 pages.

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