SES 2 DOCUMENTAIRES LUMINEUX PUISANT DANS LE TERREAU DES ANNÉES SOMBRES DE L’HISTOIRE ESPAGNOLE PARAISSENT AUJOURD’HUI EN DVD. FLASH-BACK.

« J’ai décidément besoin d’écouter d’autres histoires pour pouvoir entendre ma propre histoire. » La phrase, énoncée en voix off, est tirée de Niños, un documentaire consacré aux enfants déracinés pendant la Guerre d’Espagne que José-Luis Peñafuerte réalise en 2001 au sortir de ses études de cinéma à l’IAD. Et en dit long sur sa capacité à concilier propos universel et préoccupations intimes, grands battements de l’Histoire et petite musique du c£ur.  » J’ai voulu m’exprimer sur ce sujet parce que j’avais côtoyé, par le biais de ma famille ou d’amis, des personnes qui avaient été directement témoins de cette histoire des enfants de la guerre (pendant la guerre civile, plus de 30 000 enfants furent évacués vers l’étranger, ndlr) . J’ai grandi à Saint-Gilles, à Bruxelles. On était loin de toute cette Espagne oppressée qui vivait encore sous la dictature. Vingt-cinq ans plus tard, j’ai ressenti ce besoin, cette responsabilité, d’éclairer ce sombre épisode. Bien sûr, ça faisait écho à mon propre questionnement, à ma double identité d’Espagnol né et vivant à Bruxelles. Je voulais me positionner non pas comme quelqu’un de tiraillé mais comme quelqu’un qui vit pleinement ces 2 cultures, et qui construit des films autour d’elles. C’est ce qui m’a poussé vers cette histoire, la Belgique ayant accueilli pas moins de 5000 de ces enfants espagnols déracinés.  »

Le film est aujourd’hui coffré en DVD aux côtés de Los Caminos de la Memoria, documentaire auréolé cette année d’un Magritte et qui aborde la passionnante question de la manière dont l’Espagne se confronte, ou pas, à son sinistre passé franquiste.  » Pour ces Chemins de la Mémoire , je ne voulais pas d’un film à la première personne -même si je me suis appuyé sur mon vécu, cette souffrance des parents qui ne se raconte pas mais qu’on palpe, par exemple. Parce qu’il s’agissait de dépeindre la fresque d’une douleur propre à tout un pays. Le caractère profond de cette douleur étant universel, le film se devait d’être le plus universel possible. S’il permet d’éveiller une conscience sur la condition humaine, c’est gagné. Je ne voulais pas faire un film historique ou passéiste, mais un film au présent, qui continue à exister pour l’avenir.  »

Invitations au voyage

Riches en plans de routes filmées en travellings avant, les 2 films se présentent également comme de singulières invitations au voyage.  » Je suis moi-même le fruit d’un voyage. Mes parents ne se sont pas connus en Espagne, ils se sont connus ici, à Bruxelles, « à cause » du franquisme. De plus, le cinéma a toujours été un vecteur de voyage: ça m’intéresse d’en adopter la forme dans mes films.  »

De voyage, et d’Histoire, il en sera encore question dans le prochain long métrage de José-Luis Peñafuerte, en cours d’écriture. Un film qui marquera la première incursion dans la fiction d’un réalisateur ayant le sentiment d’avoir été au bout de sa démarche documentaire…  » En sortant de l’école, j’ai eu un tel besoin d' »évacuer » des choses personnelles que le documentaire s’est imposé à moi. Mais la fiction me titille depuis un moment. Je veux mettre à profit cette expérience forgée sur les documentaires pour parler du réel à travers la fiction. J’ai commencé l’adaptation d’un roman de Jorge Semprún, Le Grand Voyage , sur son trajet vers Buchenwald qu’il raconte déjà, en témoin, dans Les Chemins . Cinq jours dans un train rempli d’hommes et de femmes qui ne savent pas où ils vont mais qui commencent à percevoir cette lente déshumanisation qui y est orchestrée. Un voyage vers la mort, vers l’enfer.  » l

LOS CAMINOS DE LA MEMORIA + NIÑOS. COFFRET 2 DVD. DIST: MELIMEDIAS.

NICOLAS CLÉMENT

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