« THE COMPLETE REVELATION SESSIONS »

MOSAIC SELECT 36(WWW.MOSAICRECORDS.COM)

Sorti il y a un an, ce titre est l’un des fleurons de la collection Mosaic Select éditée par Mosaic Records, label spécialisé dans l’édition en coffret d’intégrales, au nombre limité, consacrées à l’une ou l’autre période de la carrière d’un musicien de jazz historiquement important, pris dans l’histoire de cette musique (Duke Ellington, Sidney Bechet, Hank Mobley, Jackie McLean, Andrew Hill, Anthony Braxton…). A côté d’imposants coffrets réunissant de 6 à 9 CD existe une collection de box limités à 3 disques consacrés souvent à des musiciens moins connus et à des titres partiellement inédits. La publication de celui consacré à l’intégrale des enregistrements effectués par John Carter et Bobby Bradford pour le label californien Revelation correspond totalement à la définition ci-dessus avec plus de la moitié de la musique proposée jamais entendue. Revelation, qui n’eut malheureusement pas une très longue vie, fut à sa manière pour la seconde partie des années 60 et le début de la décennie suivante ce que Contemporary représenta dans les années 50 pour le jazz californien. Sa politique suivit étroitement les goûts de ses fondateurs, John W. Hardy et Jonathan Horwich, mélangeant les derniers feux du cool aux premières braises de l’avant-garde. John Carter (1928-1991) et Bobby Bradford (1934, toujours en activité) firent longtemps équipe sous leurs noms respectifs (ou seulement celui de Carter) comme c’est le cas ici, du moins pour le second album publié par le label, en 1972, Secrets, le premier étant sorti sous le nom du New Art Jazz Ensemble. La musique s’inscrit dans la droite ligne du Ornette Coleman des années 60: linéaire, structurée mais avec une grande liberté harmonique, elle est swinguante et profondément enracinée dans le blues. John Carter en est le compositeur principal même si c’est Bobby Bradford qui reste le plus étroitement associé à Ornette dont il fut le sideman sur les albums Science Fiction et Broken Shadows. La musique réunie dans ce coffret, d’un niveau élevé qui ne fléchit jamais, permet aussi de suivre la trajectoire instrumentale toute personnelle de John Carter qui joue dans le premier album des saxophones alto et ténor, de la flûte et de la clarinette mais va les abandonner un à un à l’exception du dernier nommé dont il devient, au sein de la New Thing, le plus grand spécialiste pendant 2 décennies. Ce qu’illustre parfaitement le dernier CD où figure une série de duos composés/improvisés magnifiques et totalement inédits entre la trompette de Bradford et le « bâton de réglisse » de Carter -enregistrés en 1979 pour un label entré depuis quelque temps déjà dans un sommeil dont, hélas, il ne devait plus se réveiller.

Ph.E.

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