FONDATEUR D’APPLE ET GÉNIE VISIONNAIRE AUTANT QUE CONTROVERSÉ, STEVE JOBS EST AU CoeUR D’UN BIOPIC ET D’UN DOCUMENTAIRE TENTANT D’APPROCHER SA VÉRITÉ.

1. Steve Jobs

DE DANNY BOYLE. AVEC MICHAEL FASSBENDER, KATE WINSLET. 2 H 02. DIST: UNIVERSAL.

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2. Steve Jobs: The Man in the Machine

D’ALEX GIBNEY. 2 H 03. DIST: UNIVERSAL.

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Phénomène inusité, Steve Jobs aura fait l’objet, à quelques mois d’intervalle, d’un biopic et d’un documentaire, illustration, si besoin en était, de l’aura hors-norme du fondateur d’Apple, icône de la révolution numérique emportée par un cancer en 2011, à l’âge de 56 ans à peine. Inspiré de l’ouvrage éponyme de Walter Isaacson, le Steve Jobs de Danny Boyle tient plus du portrait impressionniste que de la stricte biographie. Le parcours de Jobs (Michael Fassbender), le réalisateur de Slumdog Millionaire et son scénariste, Aaron Sorkin (déjà associé au formidable The Social Network de David Fincher, où il retraçait l’ascension de Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook), l’articulent suivant une dramaturgie en trois actes, correspondant au lancement de trois produits emblématiques ayant balisé sa carrière, à savoir le Macintosh en 1984, le NeXTcube quatre ans plus tard et, enfin, l’iMac en 1998. Et de s’inviter dans les coulisses de ces trois événements, orchestrés par Boyle en mode tourbillon, une galerie de personnages y gravitant autour d’un homme dominant les échanges de son intelligence aiguë mais aussi cassante. A charge pour Joanna Hoffman (Kate Winslet), son assistante, d’arrondir les angles dans la mesure du possible.

L’homme et ses contradictions

Steve Jobs compose le portrait en mouvement d’un génie contrasté, un individu pouvant se révéler dans un même élan visionnaire et charismatique, mais aussi tyrannique voire brutal. Soit une personnalité complexe, à laquelle Michael Fassbender prête une dimension toute shakespearienne, tandis que la mise en scène de Danny Boyle allie pertinence et efficacité, réussissant à s’insinuer au coeur de la révolution numérique sans pour autant laisser le spectateur à quai. Soit une incontestable réussite, dont l’on regrettera tout au plus l’une ou l’autre concession au sentimentalisme… Making of touffu et commentaire audio en bonus.

Signé Alex Gibney (auteur depuis de l’excellent Zero Days, découvert à la Berlinale), le documentaire Steve Jobs: The Man in the Machine questionne à l’identique la personnalité de l’individu, s’appuyant pour ce faire sur de nombreux témoignages et archives que le réalisateur assortit à l’occasion de sa voix off. Volontiers polémique, le film écorne le mythe mais n’en souligne pas moins l’influence considérable d’un homme ayant modifié en profondeur notre rapport à la technologie. Et si Gibney ne se fait faute d’épingler les contradictions de Jobs, c’est aussi pour mieux nous les tendre en miroir, en une perspective intéressante, les deux films composant in fine un passionnant diptyque…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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