Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Le jeune premier des années 60 s’est brillamment reconverti dans la production, et même dans la réalisation. Avec le documentaire animalier comme cheval de bataille.

Marcel Carné lui avait ouvert Les Portes de la nuit dès 1946. Jacques Perrin avait… 5 ans à peine. Mais fils d’une comédienne et d’un régisseur de théâtre (à la Comédie Française), il connaissait déjà l’univers des acteurs. Le Conservatoire lui tendait les bras, mais il s’en extirpa rapidement pour arpenter les planches et les plateaux de cinéma, pour Carné encore et notamment (dans Les Tricheurs à l’âge de 17 ans). Après son premier grand rôle à l’écran, dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini, Jacques Perrin fut considéré comme un jeune premier qui « monte », et des réalisateurs comme Clouzot ( La Vérité), Schoendoerffer ( La 317e section), Costa-Gavras ( Compartiment tueurs) et Jacques Demy ( Les Demoiselles de Rochefort, puis Peau d’âne) lui firent passer les sixties dans la lumière des projecteurs. Mais l’ombre des coulisses attirait le jeune homme, qui se sentait un talent supérieur pour la production. En 1968, il créait sa première société, Reggane Films, dont le film inaugural allait provoquer un impact énorme. Perrin produisait le thriller engagé de Costa- Gavras, Z, tout en jouant un rôle capital. Le succès fut immense, et les 2 hommes collaborèrent ensuite sur d’autres films politiques comme Etat de siège et Section spéciale. L’ex-beau gosse du cinéma français avait trouvé une place qui lui plaisait bien plus, et satisfaisait ses ambitions profondes.

La vie des animaux

S’il refit sporadiquement l’acteur (du Home Sweet Home de notre compatriote Benoît Lamy aux Choristes de Christophe Barratier et au Petit lieutenant de Xavier Beauvois en passant par Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore et plusieurs films de son ami Schoendoerffer), c’est la production qui requit toute son attention. Reggane Films est devenu Galatée Films, et le documentaire animalier le créneau de choix d’un homme passionné par son métier, auquel il a sur le tard ajouté celui de réalisateur. C’est en 1989, avec Le Peuple singe de Gérard Vienne, que Jacques Perrin a prouvé qu’il y avait un vrai public populaire pour les documentaires en général, et ceux consacrés à la vie animale en particulier. Il passa de la gent simiesque au monde des insectes en produisant Microcosmos: le peuple de l’herbe du duo Claude Nuridsany-Marie Pérennou, puis passa lui-même à la réalisation pour célébrer l’univers des oiseaux dans Le Peuple migrateur. Tout récemment, il a encore produit et cosigné Océans, patiente et spectaculaire odyssée en milieu aquatique. De son bureau de la rue de Messine, à Paris, le presque septuagénaire à la crinière blanche continue à nourrir des projets selon son c£ur. En choisissant cette voie moins tapageuse que celle de l’avant-plan, il aura évité de devoir jouer les vieux beaux, tout en apportant au public des émotions puissantes et inédites. l

la semaine prochaine: danny devito

Louis Danvers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content