Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Il y avait bien quelques groupes flamands, les petits Freaky Age, Drive Like Maria et Sound of stereo. N’empêche, après le forfait de Ghinzu, les 3 Experimental Tropic Blues Band étaient, du 16 au 20 mars derniers, les seuls Belges francophones à l’affiche de South By Southwest. Une date dans le in, 2 dans le off et une dernière à Denton… Les rockeurs liégeois ont passé une grosse semaine au Texas. Une fameuse expérience même s’il est difficile, vu la concurrence à Austin, de tirer son épingle du jeu dans pareille jungle sans label ou tourneur aux Etats-Unis. D’attirer le scout du label qui vous fait rêver ou le bookeur qui va vous imposer sur le marché américain ou japonais…

C’est seulement devant une poignée de curieux, comme les Girls in Hawaii quelques années avant eux, que les Tropic se sont produits au Cedar Door, au Club Primos et au Carousel Lounge. Soit un chapiteau, un bar mexicain et un petit club rock’n’roll.  » A l’arrache. Sans soundcheck. Avec tout à prouver. Ça remet les pieds sur terre et me rappelle nos tout premiers concerts quand on jouait dans des restos de Liège, se souvient le batteur Devil D’Inferno. Et c’est quelque part super excitant.  »  » Une expérience de dingue. Elle donne envie de revenir à Austin l’an prochain et de jouer le plus possible un peu partout en ville« , embraie Dirty Wolf.

Pour limiter les frais, les Tropic ont voyagé léger et dégoté du matos grâce à Oh No Oh My, groupe local proche de Jaune Orange. Ils ont aussi logé chez l’habitant. Un petit couple gay sympathique et accueillant qui rompt avec l’image réac de Yankees armés jusqu’aux dents.  » Denton (où ils ont logé chez un groupe qui avait joué avant eux plus tôt dans la semaine, ndlr) est un autre monde. Les mecs ont tous des flingues et te racontent des histoires de cinglés. Ils abattent quiconque s’aventure dans leur jardin et on a même entendu qu’un type bourré qui tambourinait à la porte d’une mauvaise maison s’était fait dégommer avant même qu’on la lui ouvre…  »

On comprend que l’exhibitionniste Dirty Wolf n’ait pas sorti « The Electric Dick » mais il a d’ores et déjà pris ses renseignements pour son prochain voyage aux Etats-Unis. Si elle est emballée dans du papier collant, il ne risque pas l’emprisonnement. Un autre monde qu’on vous disait.

Si les Tropic n’oublieront pas SXSW, SXSW n’oubliera pas les Tropic. Un député qui avait passé un début de soirée avec eux s’est fait arrêter par la police, a refusé de souffler dans le ballon et a passé la nuit en prison. Se retrouvant même dans le journal du lendemain… What Else? Les Liégeois ont noué contact dans l’avion du retour avec Jim Jones Revue et pourraient bien faire un bout de tournée avec les foudroyants Anglais.

Au moment de reprendre le train à Zaventem, un type est allongé le long des rails, ses bagages sur la voie. On apprendra plus tard qu’il est tombé entre un wagon et le quai… Dernière anecdote presque invraisemblable d’un voyage épique. Si les Tropic étaient américains, comme les Dandy Warhols ou le Brian Jonestown Massacre, on en aurait déjà, depuis un bail, fait un documentaire. Mais le « Blues Band » est belge… In bed with Tropic devrait malgré tout voir le jour dans les prochains mois. Merci la Film Fabrique.

Julien Broquet

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