EN ATTENDANT LES GROSSES CYLINDRÉES DE 2014, LES CHAÎNES AMÉRICAINES ONT LANCÉ CET ÉTÉ QUELQUES SÉRIES INTÉRESSANTES, À DÉFAUT D’ÊTRE BOULEVERSANTES.

Aux Etats-Unis, les séries, c’est comme les Gremlins. A ceci près qu’elles se multiplient avant minuit: denrées devenues indispensables pour des opérateurs qui, eux aussi, voient leur nombre augmenter (songeons au service de vidéos à la demande Netflix, avec l’impressionnante House of Cards), les fictions télé évoluent aujourd’hui dans un monde aussi concurrentiel qu’impitoyable, où tout le monde réclame sa part du gâteau. Même combat en Grande-Bretagne, où le filon semble tout aussi inépuisable. Aussi abondantes soient-elles, les séries rapatriées par nos chaînes nationales ne sont en réalité que l’excroissance émergée d’un iceberg modelé par les pilotes passés à la trappe, les premières saisons restées lettres mortes ou les suites décevantes. Impossible de tout voir. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a rien vu. Tour d’horizon des promesses de l’été.

Lancée par Showtime le 30 juin dernier, Ray Donovan n’a pas encore l’étoffe d’une grande. Mais elle est probablement l’une des séries les plus efficaces du moment. Cette vieille connaissance de Liev Schreiber (Cotton Weary dans les Scream) y « règle » de manière musclée les problèmes que s’attirent en coulisses des stars d’Hollywood. Craint et respecté dans son métier, Ray va devoir composer avec le retour de son criminel de paternel (le vétéran Jon Voight, épatant), à peine sorti de prison. Cette histoire de clan qui, en dépit d’un manque de finesse dans l’écriture, se révèle assez prenante, a été renouvelée.

Dans une veine plus amusante, Orange is the New Black permet à Jenji Kohan, la créatrice de Weeds, de nous emmener en prison. Mais pas dans n’importe quel pénitencier puisque Piper Chapman, sa nouvelle héroïne, est une femme. S’il faut quelques épisodes avant de s’attacher au kaléidoscope de personnages croqués dans cet univers clos, on finit par se laisser bercer par la transformation de Piper, par les flash-back liés aux détenues et par l’humour, souvent cru et lesbien, qui saupoudre le tout. Là aussi, une deuxième fournée d’épisodes est attendue pour 2014.

Déjà rachetée par Be TV, la grosse sensation Under the Dome a fait le bonheur de CBS tout l’été. Poussive, curieusement interprétée, la série inspirée par l’ouvrage de Stephen King a le mérite de s’appuyer sur un argument de départ intrigant: un dôme transparent et infranchissable s’abat sur une bourgade des Etats-Unis. Pas évident de se passionner pour le destin des habitants de Chester’s Mill, mais on a quand même envie de savoir d’où il sort, ce dôme.

The Bridge, diffusée depuis juillet sur FX, passionnera essentiellement ceux qui n’ont pas vu Bron, série ovni suédo-danoise. Notamment parce que Diane Kruger, choisie pour interpréter l’héroïne de cette intrigue policière binationale transposée ici aux Etats-Unis et au Mexique, calque sa prestation sur la composition originelle de l’hallucinante Sofia Helin. L’intrigue, cela dit, reste assez captivante.

En pleine saison finale de Breaking Bad, AMC vient de lancer Low Winter Sun, également adaptée d’une série anglaise. Avec ses airs de The Shield (des flics tuent un de leurs collègues d’entrée de jeu) embarquée à Détroit, la série devra passer outre un pilote aux intentions solides, mais parfois maladroitement joué.

Au rayon comique, Family Tree, production américano-anglaise (HBO et BBC), prend la relève du mockumentaire. Un jeune trentenaire forcé à l’oisiveté s’y découvre une passion pour son arbre généalogique. Amusante par moments, la série ne soutient malheureusement pas la comparaison avec ce qu’un Ricky Gervais a pu faire du genre.

Bref, pas de révolution en vue dans l’univers des séries, mais quelques noms à garder en tête.

TEXTE Guy Verstraeten

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