Il était une fois Sergio Leone

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 » Je suis un réalisateur italien. Je fais des films qui sont toujours très longs et toujours coupés… » Au milieu des sixties, alors que le western américain s’essouffle, un metteur en scène romain venu du péplum (qu’il déteste) dynamite la vision hollywoodienne de la conquête de l’Ouest avec des longs métrages irrévérencieux et de réjouissants sales types. Cet homme s’appelle Sergio Leone et dès son premier film de cow-boys ( Pour une poignée de dollars) emmené par un acteur de 34 ans dégoté à la télévision (Clint Eastwood est l’un des vachers de la série Rawhide), il va s’atteler à dépoussiérer le western classique.

Enfant de la balle, Sergio naît dans la capitale italienne le 3 janvier 1929. Sa mère Bice est comédienne, son père Vincenzo metteur en scène. Pionnier du cinéma muet dans la botte, Vincenzo Leone (alias Roberto Roberti) est aussi le réalisateur du premier western italien ( La Vampire indienne en 1913). Mais il se retrouve au chômage forcé à cause de Mussolini parce qu’il a refusé d’adapter un roman médiocre du dictateur…

Avec un montage alerte et non dénué d’humour, Jean-François Giré -à qui l’on devait déjà l’encyclopédie Il était une fois… le western européen et un docu sur les héros du western Cinecittà- brosse le portrait d’un réalisateur qui nourrissait une véritable hantise du fascisme et une crainte viscérale de la pauvreté. Il raconte les petits voyous qu’il côtoie gamin et dont il s’inspirera pour ses anti-héros, les fumetti, ces BD d’action qu’il dévore, le théâtre de marionnettes avec lequel il grandit et son amour passionné pour les films de gangsters. Il évoque ses boulots d’assistant chez Vittorio De Sica ( Le Voleur de bicyclette) et William Wyler ( Ben-Hur), sa rencontre avec Ennio Morricone et sa relation privilégiée avec l’architecte et chef décorateur Carlo Simi. Avant d’analyser son rapport à la musique, ses rêves de grands espaces américains et le thème de l’amitié qui le passionne, lui, le fils unique.

Rythmé par de nombreux extraits de films tombant toujours à point nommé, des images archives dans lesquelles on croise Leone, Eastwood et Claudia Cardinale, mais aussi des interviews de proches, Sergio Leone, une Amérique de légende revient sur la vie d’un mec qui aurait prononcé clap avant de savoir dire maman, a écorné la vision fantasmée des héros de l’Ouest et raconté la montée du capitalisme à travers l’arrivée du chemin de fer ( Il était une fois dans l’Ouest). Un apéritif idéal pour l’exposition que lui consacre la Cinémathèque française à Paris jusqu’au 27 janvier (lire à ce sujet l’article page 22).

Sergio Leone, une Amérique de légende

Documentaire de Jean-François Giré.

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