Autodidacte rendant hommage au travail des académies -en particulier L’Académie des arts d’Ixelles et Beeldenkunst d’Anderlecht-, Ian Dykmans n’est pas du genre à oublier ceux qui lui ont montré la voie artistique à suivre. Ainsi de Mirjam Devriendt et de Jacques Courtejoie, professeurs qu’il compare à des « rencontres-étincelles« . Pour Focus, il s’explique sur le tirage Lith, l’une de ses signatures, à travers le commentaire d’une remarquable photo de l’exposition.

« C’est Bonom le singe dans mon labo. Il est tout noir suite à une performance durant laquelle il a peint le corps du chanteur du groupe Tat2noisact. Après l’avoir enduit, il a pris l’initiative de se noircir lui-même. Pour rendre le vécu de cette atmosphère, j’ai jugé nécessaire d’altérer la qualité objective de l’image. J’ai tiré le négatif avec un révélateur Lith qui donne des tonalités sombres à la fois très contrastées et froides, tandis que les valeurs claires apparaissent douces et chaleureuses. Le révélateur Lith ne fonctionnant pas avec des papiers actuels, j’ai utilisé un vieux papier Ilford offert par Philippe Leroy, un professeur de gravure de l’académie d’Anderlecht. En haut de l’image, on peut voir des taches dans les valeurs grises qui témoignent de l’ancienneté du papier et du fait qu’il a été conservé dans un lieu humide. Cette humidité est celle de mon studio où a été prise la photo. J’y passe tout mon temps dans l’espoir de voir apparaître des images… Une autre particularité du tirage Lith, c’est qu’il fonctionne par le biais d’un développement infectieux. Une fois le papier immergé dans le révélateur, il faut agiter le bac… Il peut se passer longtemps sans que quoi que ce soit ne se produise. A un certain moment, on devine les contours d’un tracé laiteux. On agite encore et, soudain, un point noir surgit. Dès cet instant, le processus s’emballe. Les points noirs se multiplient de façon exponentielle. Chaque tirage est unique en ce que l’on ne sait jamais où le point en question va apparaître, ce qui change la donne à chaque fois. On est maîtrisé par le processus plutôt qu’on ne le maîtrise. Ce côté hasardeux fait écho au travail de Bonom: la pluie ou une lumière qui s’allume dans la nuit peut tout remettre en question. Rien n’est sûr. Quant au résultat final, après une déception initiale, il faut deux jours de plus pour mesurer toute la richesse de la démarche. »

IAN DYKMANS EST EN PERMANENCE À LA RECHERCHE DE VIEUX PAPIERS PHOTOGRAPHIQUES. S’IL EN RESTE QUI ENCOMBRENT VOTRE CAVE: IANDYKMANS@GMAIL.COM

M.V.

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