I love your Smile

Helado Negro étincelle de sa beauté tranquille sur un album qui parlera aux fans modernes de Devendra Banhart et de Rodrigo Amarante.

« This Is How You Smile »

Il ressemble vaguement à Carlos Valderrama sans les cheveux blonds et son nom à la ville rappelle celui d’un arrière gauche brésilien à la frappe de mule. Roberto Carlos Lange n’est pourtant pas une star du football, un champion du ballon rond. Mais bien un singer-songwriter et bidouilleur américain originaire de Miami et signé pendant sept ans sur le label de Sufjan Stevens, Asthmatic Kitty.

This Is How You Smile est né de plusieurs semaines de quasi-isolement dans deux studios de Brooklyn. Son titre lui est venu lors d’une lecture par l’écrivaine américano-caribéenne Jamaica Kincaid au MoMA. Un extrait, Girl, de son recueil de nouvelles At the Bottom of the River. La dispute entre une fille et sa mère qui lui donne des instructions pour devenir une femme parfaite. Ce que doit faire une jeune femme noire pour exister de manière respectable dans la société…

Le disque précédent d’Helado Negro, Private Energy, appelait à l’amour de soi et à la solidarité. Une réponse à la violence sans cesse infligée aux personnes de couleur. Des encouragements au jeune lui qu’il voyait sur de vieilles photos de famille. Lange, à qui l’on doit notamment un single intitulé Young, Latin and Proud (il est le fils d’immigrants équatoriens), présente This Is How You Smile comme la bande originale de quelqu’un qui s’approche pendant 40 minutes. Il parle de s’asseoir dans le noir et de laisser les yeux s’habituer à l’obscurité…

I love your Smile

Artisan pendant des années d’une musique instrumentale au surréalisme relativement enfantin (La Muerta Blanca, Boom & Birds, Epstein), Lange ne s’est mis à chanter qu’à l’approche de la trentaine sur le premier Helado Negro. Pour son sixième album studio aux allures de journal intime, il a embauché une trentaine d’invités. Que ce soit pour chanter, gratouiller, jouer de la basse, de la trompette, du saxophone ou du synthé. Sufjan Stevens, Xenia Rubinos, Victoria Ruiz (Downtown Boys), Jenn Wasner (Wye Oak)… Même la formidable Matana Roberts figure au casting. Mais ce n’est pas comme si le chef d’orchestre avait chômé. À ses percussions électroniques, guitares, Korg, Moog, vibraphone, Casio, banjo se mêlent des témoignages sonores de mariage, de manif proimmigration…

Chantées tantôt en anglais tantôt en espagnol, parfois les deux, les douze vignettes d’ I Know How You Smile bercent d’une beauté douce rappelant la décontraction de Devendra Banhart comme celle de son ami brésilien Rodrigo Amarante. Pop flottante, folk songs romantiques, bizarreries expérimentales et bucoliques forment ce voyage de l’intime.  » Take care of people today. Hold their hand. Call them up if you wanna say hey« , chante-t-il dans toute sa bienveillance sur Two Lucky. Un artiste et un album à découvrir d’urgence.

Helado Negro

Distribué par RVNG Intl.

8

Le 02/04 à Forest National, en première partie de Beirut.

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