Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Explosion in the sky – C’est beau I Am Kloot la nuit. Surtout quand l’album a failli ne pas voir le jour. Enregistré avec Elbow, Sky at night caresse les rêves de consécration.

« Sky at night »

Distribué par Pias.

Depuis ses premiers pas en 2001, I Am Kloot a toujours été une histoire de rendez-vous manqués. Rendez-vous manqué avec le grand public (celui qui vous permet d’acheter des villas avec piscine) malgré un exceptionnel album inaugural et une classe jamais prise en défaut. Rendez-vous manqué aussi avec l’industrie du disque et le label Echo, qui sortit ses deuxième et troisième disques mais pas les singles promis. Menant les Anglais à quitter une structure qui croyait autant en eux que les Wallons en Bart Dewever. Alors, forcément, on n’est pas vraiment étonné de rencontrer le seul bassiste, Peter Jobson, en débarquant au bar de l’Ancienne Belgique pour une interview avec l’un des secrets les mieux gardés de Manchester. John Bramwell, la voix et la plume du groupe mancunien, est à l’ambassade. Il s’est fait taxer ses bagages. Pour peu, on présenterait les membres d’I Am Kloot comme les Pierre Richard de la pop britannique. Sauf que les malheurs du trio ne nous font pas rire. Ils auraient même pu nous coûter leur dernier album.  » Quand nous nous sommes mis à travailler sur ce disque, nous n’avions plus de label, plus de manager, plus de pognon. Tout ce qu’il nous restait, c’était du temps. Du temps et 2 vieux amis prêts à nous aider. » En l’occurrence 2 membres d’Elbow: Craig Potter et le chanteur Guy Garvey qui, soit dit en passant, avait déjà mis en boîte Natural History il y a 10 piges… Même si la légende veut qu’à l’époque, il ait juste appuyé sur le bouton « record » de la console.

Temps suspendu

Les 2 groupes qui bossaient il y a 15 ans dans 2 bars concurrents de la même rue mancunienne se sont toujours ardemment soutenus pour surmonter les embûches et les déboires inhérents au music business et à sa bande de sourds. Qui sait? Sky at night deviendra peut-être d’ici quelques mois le Seldom Seen Kid (le dernier Elbow) d’I Am Kloot. L’album de la consécration. Enregistré en 18 mois,  » dont 2 seulement de travail« , il s’agit d’un disque ambitieux et discrètement touffu. Bardé de violon, de violoncelle, de harpe… De trompette, de saxophone et de flûte… Comme son nom l’indique, il parle de ciel, d’étoiles, de lune…  » Quand Johnny écrivait ces morceaux il y a 2 ans, il n’arrivait plus à pioncer. Du moins, il dormait très peu. Peut-être à causse du stress. De ce qui passait à la télé… Je n’en sais rien. Il a toujours eu un esprit très curieux et éveillé. Toujours est-il qu’on ne voit pas la vie et les choses de la même manière quand le soleil est couché. »

D’ailleurs, à l’idéal, Sky at night s’écoute comme il a été imaginé. Dans le calme et le temps suspendu de nuits solitaires. Northern Skies et Fingerprints sont autant de petites merveilles dont I Am Kloot a le secret. De petites perles troussées avec savoir-faire et emmenées par la voix caressante de Bramwell. Et si, déjà répertorié dans la discographie du trio, Proof, avec un nouvel habillage moins dépouillé, perd un peu de sa force tranquille, I Am Kloot garde le cap… Envers et contre tout. l

www.myspace.com/iamkloot

Julien Broquet

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