Critique | Musique

[l’album de la semaine] Snapped Ankles – Forest of your Problems

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les Londoniens de Snapped Ankles descendent de leur arbre pour vous y faire grimper avec un nouvel album de kraut synthétique et conscientisé.

Ils aiment le kraut et Kraftwerk, bricolent leurs instruments, vénèrent la débrouille et ont piqué leur petit nom à l’une des scènes les plus cruelles de l’Histoire du cinéma. Snapped Ankles (« Chevilles brisées ») est un clin d’oeil à Misery. Adaptation par Rob Reiner d’un bouquin de Stephen King dans lequel une fan pas bien dans sa tête dézingue à la masse les pieds d’un écrivain pour l’empêcher de s’évader et ainsi l’obliger à modifier la fin d’un de ses romans. Écolo, dansant et arty, le groupe londonien est l’un des projets les plus surprenants et décalés arrivés depuis une dizaine d’années sur la scène anglaise. C’est pas tous les jours qu’on voit débarquer des gens déguisés en arbre qui revendiquent à la fois l’influence de Jean-Luc Godard, de Fela Kuti et de Lightning Bolt.

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Quatre ans après le tribal et jouissif Come Play the Trees, les hurluberlus sont de retour avec leur post-punk chamanique et leur kraut pour dancefloors underground. Toujours sorti sur le label Leaf (Warmduscher, Sarathy Korwar, Caribou…), le troisième album de la tribu s’écoute les bras en l’air et dans le noir. Que ce soit au fond des bois à la merci des sorcières ou dans une cave moite dont les murs suent de la bière. La recette n’a pas vraiment changé. Les deux cerveaux du projet, Paddy Austin et Mike Chestnutt, continuent d’en mettre plein les oreilles avec leurs petits hymnes électriques et synthétiques.

[l'album de la semaine] Snapped Ankles - Forest of your Problems
© DR

Le monde est flou

Écolo dans l’âme, Snapped Ankles n’a pas que des velléités festives et hédonistes. Mixé par le camarade Danalogue (le remuant petit homme derrière les machines de The Comet Is Coming), Forest of Your Problems aime fourrer les doigts dans les plaies béantes d’une société malade, épingler les travers et danser sur les soucis. « Toutes les chansons ont leurs motivations et leur système de croyance« , annonçait le tandem. Le monde est fou. Le monde est flou. Tandis que certains maximisent les profits dans l’immobilier et les fonds spéculatifs (chacun pour soi et la merde pour tous) et que d’autres espèrent que les technologies et le progrès nous ramèneront sur le droit chemin, des gens en colère prennent les rues d’assaut pour essayer de forcer le changement. Avec ses instruments bricolés et ses rythmes primitifs, Snapped Ankles ausculte et dissèque l’homme sauvage moderne. Lui tend un miroir, le confronte à ses contradictions, son anxiété et sa culpabilité. Grandi dans les entrepôts et les squats londoniens, le groupe anglais danse sur les braises encore incandescentes de désastres dont nous sommes tous responsables. Ce disque n’est pas l’arbre qui cache la forêt d’emmerdes, c’est celui qui l’indique. Une bouffée d’oxygène dans le monde de dingues qui est le nôtre. Silence, ça pousse…

ROCK. Snapped Ankles, « Forest of Your Problems », distribué par Leaf/Konkurrent. ****

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