ENVIES D’AILLEURS ET CHOC DES CONTRAIRES AU MENU DE TROIS FILMS BELGES SORTIS CETTE ANNÉE.

Melody

DE BERNARD BELLEFROID. AVEC LUCIE DEBAY, RACHAEL BLAKE. 1 H 33. DIST: TWIN PICS.

L’Année prochaine

DE VANIA LETURCQ. AVEC CONSTANCE ROUSSEAU, JENNA THIAM. 1 H 48. DIST: TWIN PICS.

Paradise Trips

DE RAF REYNTJENS. AVEC GENE BERVOETS, JEROEN PERCEVAL. 1 H 29. DIST: TWIN PICS.

6

Grosse moisson de petits films belges à tendance auteuriste en 2015. Sorti au printemps, Melody s’attache par exemple aux destins croisés d’une battante, coiffeuse de son état, belle mais pas forcément gâtée par la vie, et d’Emily, Anglaise friquée et dirigiste en quête d’une mère porteuse. Deux êtres a priori pas faits pour se rencontrer, encore moins pour s’entendre, mais que leurs aspirations personnelles vont pourtant amener à s’apprivoiser. La suite est relativement attendue, mais pas dénuée d’intérêt pour autant, Bernard Bellefroid (La Régate) travaillant davantage à l’exhumation des blessures communes qu’au simple rapprochement des contraires. Un peu crispant dans ses tempétueuses valses-hésitations, le personnage de Melody, enfant née sous X rattrapée par la peur de l’abandon, injecte aussi à l’ensemble ce qu’il faut d’ambiguïté pour séduire. Même si le trajet du film, partant du réalisme social pour s’avancer sur le terrain piégeux du mélodrame, s’accompagne d’une recherche parfois un peu forcée d’intensité.

Double portrait au féminin encore, au menu de L’Année prochaine, chronique adolescente qui dévoile Aude et Clotilde, amies pour la vie, à l’aube de leur majorité, et alors que s’ouvre devant elles un éventail d’infinis possibles. Rêvant de quitter leur petit village, la seconde entraîne la première avec elle pour aller étudier à Paname, où l’indéfectible lien qui les unit semble pourtant appelé à se gangrener. Entre la jouisseuse butée et l’intello sensible, Vania Leturcq nuance peu son étude de caractères, et la musique pop, omniprésente, donne souvent le sentiment de regarder un chapelet de clips teenage sans réelle profondeur. Sauvé par sa sincérité, et un certain panache, un petit film fragile qui tend parfois maladroitement vers le malaise et l’inconfort, et s’accompagne ici de La Maison (2011), court métrage déjà travaillé par l’idée de trouver sa voie, sa place dans le grand monde.

Depuis le nord du pays cette fois, Raf Reyntjens scrute lui aussi les rapports amour-haine qu’entretiennent deux personnages essentiellement occupés à jouer au Yoyo émotionnel. D’un côté Mario, vieux chauffeur de bus (psycho)rigide angoissé par la retraite. De l’autre Jimmy, son fils, idéaliste hors système à peine sorti de prison. Un festival techno pour jeunes hippies en Croatie se chargeant d’orchestrer le rapprochement aussi inattendu qu’improbable entre le pater facho et le fiston ultra- gaucho. L’argument de Paradise Trips est certes un peu tiré par les cheveux -gras et rastas, les cheveux- mais autorise à l’occasion quelques sympathiques digressions free style à l’abri de la caricature. Même si la jaquette du DVD vend sans détour la mèche de l’épiphanie tardive d’un père enfin confronté à ses propres préjugés.

NICOLAS CLÉMENT

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