En 2036 à Ivry-sur-Seine, Irène, est en train de prendre un bain. Tandis qu’elle songe aux crues et décrues de la Seine, sa découverte d’un couteau sous le plancher va déployer dans le corps du roman de nombreuses époques, chaque fois amenées par le surgissement d’un nouvel objet, comme dans une fouille archéologique continue: deux enfants dans les années 50 qui par leurs jeux laissent apparaître une tige de bronze, des Normands en cohorte guerrière en l’an 887, dont l’un d’entre eux déniche un anneau qui conduit à la chasse d’un cerf à l’époque magdalénienne… Jusqu’à parvenir au Big Bang. À ce jeu des zooms temporels, l’autrice s’en sort avec plus de corps et de conviction que Terrence Malick dans le début de The Tree of Life. Mais qu’est-ce qui peut surgir encore lorsqu’on s’est rendu au coeur et au commencement de toute vie? Bien au-delà du Crétacé, est-ce que la fiction en a dit assez? N’y a-t-il pas là encore de l’espace pour des possibles? Avec ce troisième roman (après Grotte en 2014 et Vierge en 2017), Amélie Lucas-Gary prouve définitivement qu’un microcosme narratif ténu au départ peut contenir mille mondes et que lorsqu’elle est bien menée, avec un plaisir de langue luxuriante, une narration expérimentale devient jubilatoire pour tous.

D’Amélie Lucas-Gary, éditions Seuil, 176 pages.

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