Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Frères pétard – Depuis Gand, les Hermanos Inglesos lâchent un premier album électro bien calé. Sans rien révolutionner mais avec un certain sens de l’élégance.

« The Wander of You »

Distribué par Pias.

Il faut croire que la musique électronique a toujours aimé les histoires de famille. A Gand en particulier, on cultive le goût de la fratrie. On connaissait ainsi déjà les Glimmer Twins, ou les frères Dewaele… Voici que déboulent aujourd’hui les Hermanos Inglesos. Soit Cédric et Didier Engels, 10 ans d’écart quand même. Après s’être taillés une réputation en tant que DJ’s, ils sortent aujourd’hui leur premier album.

Au départ, c’est forcément le grand frère Didier (1977) qui ouvre les portes. Dès 15 ans, il se met à mixer. « Mais après mes études d’économie, j’ai eu envie de prendre un peu l’air et d’aller voir ailleurs. » Six mois à Londres, 6 mois à Berlin, 6 mois à Madrid et 6 encore à New York… « Au retour, je n’avais plus trop envie de continuer à me coltiner les soirées estudiantines. » Entre-temps, le petit frère s’est également mis derrière les platines. Lui aussi a envie de fuir le ronron.

Les frangins concoctent alors un mix démo qui aboutit dans les mains d’un agent de Live Nation. Un mois plus tard, les Hermanos Inglesos font leur première sortie officielle au festival Laundry Day. Ils enchaîneront directement avec I Love Techno. Cédric: « On ne faisait pas partie de l’affiche officielle, mais on a mixé dans la VIP room jusqu’à 6 heures du mat’. «  Amusant: à l’époque, Cédric n’a que 15 ans. « On ne voulait pas me laisser rentrer. Il a fallu appeler quelqu’un de l’organisation pour que je puisse pénétrer à l’intérieur. »

Dirty Dancing

Il y a 5 ans, les frères Engels ont également commencé à produire leurs propres sons. Didier:  » On a pu notamment compter sur les conseils de Kevin Ross (le projet Cinérex, ndlr). Tous les dimanches, on allait bosser chez lui de 19 h à 1 h du mat’. Il nous a appris à ne pas être content trop vite. Et surtout à ne pas se contenter d’accumuler les couches. » Ne restait donc plus qu’à passer l’étape de l’album. « On tient encore au format parce qu’il permet d’installer des nuances. Ce ne sont pas juste 12 morceaux indépendants les uns des autres. C’est pour cela que l’on aime bien aussi jouer de longs sets. Cela permet de donner une atmosphère plus globale. »

En cela, les Hermanos Inglesos font clairement partie de cette génération de DJ’s dont les références viennent davantage de la pop que de la techno ou de la house. « C’est vrai. C’est amusant d’ailleurs de voir que ceux qui ont commencé dans quelque chose de purement dance, comme Tiesto ou Bob Sinclar, font aujourd’hui dans la musique plus commerciale; alors que de plus en plus de groupes électroniques viennent eux du rock, à l’image de Daft Punk ou Soulwax. »

Là où ils sont nombreux à ne pas tenir la longueur d’un album, les frères Engels ont le grand mérite d’arriver à garder le cap. Résidents du fameux Culture Club, ils y ont appris le goût de l’éclectisme. Cela leur sert ici. Certes, The Wander of You ne révolutionne rien. Il éviterait même délibérément de ne pas trop sortir des rails. A l’image de leur pochette très sage. « L’idée qu’il faut que ce soit sale ou destroy pour que ce soit cool nous fatigue un peu. Tout ce côté noisy, fluo… On peut être élégant et avoir du style, sans être forcément bourgeois. »

Laurent Hoebrechts

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