DE RETOUR DERRIÈRE LA CAMÉRA AVEC L’EXPLOSIF SPRING BREAKERS, SON PREMIER FILM DISTRIBUÉ EN BELGIQUE, LE RÉALISATEUR AMÉRICAIN EST AUSSI L’OBJET D’UNE LARGE RÉTROSPECTIVE AUX GALERIES.

De Harmony Korine, cinéaste américain né il y a tout juste 40 ans à Bolinas, Californie, mais ayant grandi entre Nashville et New York, le temps a façonné une image à la fois cool et controversée, entretenue de scénarios pour son ami Larry Clark en réalisations généralement bien barrées. Soit de Kids à Mister Lonely en passant par Ken Park ou Gummo, un parcours calibré culte, encore qu’on ne puisse mettre en doute la sincérité d’un artiste posant un regard on ne peut plus personnel et dérangeant sur l’Amérique, qu’il aborde versant marginaux ou autres teenagers égarés par exemple.

Découvert en septembre dernier à la Mostra de Venise, Spring Breakers traduisait une évolution sensible de son cinéma, explosant en tons flashy pour retracer l’équipée sauvage de quatre adolescentes descendues sous les spots floridiens. Soit un voyage grinçant et amer au bout d’un rêve américain revisité en mode superficiel toutes, et un film qui, pour être son opus le plus commercial à ce jour, apparaît aussi comme le plus abouti de son auteur -une fois n’est pas coutume, le spectateur belge pourra juger sur pièces, puisque Spring Breakers est aussi le premier essai d’Harmony Korine à connaître une distribution sous nos latitudes, à compter du 20 mars.

Une expérience narcotique

Dans l’intervalle et jusque fin mai, les Galeries, à Bruxelles, proposent pour leur part une immersion complète dans son univers, sautant sur « l’occasion formidable de (re)découvrir un artiste prolifique, unique, trop méconnu et dont l’audace est nécessaire au cinéma » pour présenter une rétrospective touffue, englobant aussi bien des films réalisés, écrits ou produits par ses soins, que des oeuvres de cinéastes l’ayant influencé ou filmé. Le voyage s’annonce mouvementé et allumé, mais surtout passionnant, qui conduit de Kids, écrit à l’invitation de Larry Clark à 19 ans à peine autour du quotidien d’ados au temps du sida, aux Trash Humpers qu’il met en scène en 2009, en passant par l’expérience Dogma de Julien Donkey-Boy (avec son égérie d’alors, Chloë Sevigny)ou la curieuse danse de clones de Mister Lonely. Histoire de mieux cerner le bonhomme, le programme y a adjoint plusieurs appendices. Il y a là divers courts métrages (dont Lonely, réalisé par Brent Stewart sur le tournage de son troisième long), une oeuvre-miroir de son cinéma, Les Nains aussi ont commencé petits, de Werner Herzog, ou encore Into the Night, dans lequel Bruce La Bruce l’associe à Gaspar Noé pour une descente nocturne à Nashville, où Korine est retourné vivre il y a huit ans. C’est d’ailleurs là qu’il recevait le magazine So Film voici peu, à qui le réalisateur déclarait: « Un film, il faut que ce soit quelque chose qui te nique le cerveau, te défonce, te bousille. On n’est pas loin d’une expérience narcotique. » Ce qui ressemble à une profession de foi…

SPRING BREAKERS, SORTIE LE 20/03, CRITIQUE DANS FOCUS DU 15/03.

RÉTROSPECTIVE HARMONY KORINE, GALERIES, À PARTIR DU 14/03.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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