COMPLÈTEMENT RELIFTÉE APRÈS UN INTERMINABLE CHANTIER À 33 MILLIONS D’EUROS ENTAMÉ DÈS 1996, LA MAISON RONDE DE CAMDEN PRATIQUE UNE POLITIQUE D’INTÉGRATION QUI PASSE PAR DES STUDIOS LOUÉS À BAS PRIX AUX KIDS LONDONIENS.

Oui, j’ai eu le plaisir de serrer la main à Bob Dylan qui a fait une date à la Roundhouse en avril 2009. Pour lui, c’était comme jouer dans un club de 3000 places, mais Bob était cool! » Si l’on frémit -brièvement- à l’idée de rencontrer l’homme qui a rencontré Dylan (…), c’est surtout parce que Dave Gaydon, 39 ans, responsable musique de la Round-house, fait un travail passionnant. Celui-ci révèle ses artères un après-midi d’avril dans la salle principale où répète une troupe de cirque: ce genre-là, environ 100 shows par an, profite d’un espace circulaire combinant allure ancienne et technologie up-to-date. Le lieu a gardé ses spectaculaires poutres de métal victoriennes mais le toit est aménagé avec tout l’équipement de l’âge digital, la lumière britannique (…) perçant sur la piste, là où une acrobate tangue en trapèze étourdissant. A gauche du lieu principal, un resto tout en béton apparent et boiseries chaudes confirme le style de nouveau cosy corner. Ce sont les caves, autrefois trous à rats délictueux, qui ont bénéficié du plus gros investissement de la Fondation créée par Torquil Norman -monsieur Polly Pocket- et de ses millions de livres.  » Quand la Roundhouse était officiellement fermée dans les années 80-90, il s’y tenait des raves illégales et d’autres choses sans doute moins avouables… Aujourd’hui, on consacre au moins 2,5 millions de livres chaque année à une politique jeune, qui passe notamment par la location bon marché d’une vingtaine de petits locaux de répétition: il faut payer 15 livres par an d’inscription et ensuite, c’est 2 livres l’heure (3 euros), ce qui pour Londres, reste un prix dérisoire. » Dans le dédale des couloirs souterrains qui font penser au repère d’un caviste chic, on aperçoit des B Boys tripotant leurs gammes, la casquette vissée sur la syntaxe. Même si tous les styles musicaux sont également accueillis à la Roundhouse, le ton des répétitions est plutôt à l’urbanisme hip hop/soul, la structure de Camden étant suffisamment unique en Grande-Bretagne pour rameuter des apprentis-musiciens du Sussex, voire d’Ecosse, illuminés par ce Londres inhabituellement partageur. La Round-house, qui produit 130-140 concerts par an -40 % en solo, le reste avec des promoteurs privés à la Live Nation-, fait penser à une Ancienne Belgique, avec un chouia plus d’employés -65 en 2012- et une position anglaise qui, d’emblée, lui donne une longueur d’avance. N’empêche que, dans une contrée sans cesse tentée par le néo-libéralisme -chacun pour soi-, cette forme de prospection et de solidarité culturelles rappelle l’utopie du même lieu, il y a quatre décennies. En plus propre sur soi.

WWW.ROUNDHOUSE.ORG.UK

PH.C.

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