Grand frère

Azad est le « grand », celui à qui le père reproche sa vie dissolue, la concurrence déloyale des plateformes VTC pour lesquelles il travaille, et sa came. Hakim est le « petit », celui qui est parti en Syrie, l’infirmier modèle, l’ado curieux, idéaliste s’il n’avait connu au quotidien l’injustice qui sévit en France. Entre les deux frères, il y a le père, veuf, réfugié syrien qui se proclame communiste, entretenant un français tailladé. Le trio bancal se cherche sans se trouver dans une société de plus en plus inégalitaire. Tout récent Prix Première 2018, le livre de Mahir Guven ne se contente pas de nous ressasser une ixième version d’un départ au Djihad; sans préjugé, il analyse tout ce qui se passe dans le cerveau d’un jeune qui a sa place dans la société française sans pouvoir s’y intégrer totalement à cause de son statut de métèque (sa mère bretonne). L’auteur a pris le parti d’utiliser le langage beur pour se rapprocher de l’état d’esprit des protagonistes, et deux points de vue narratifs qui permettent de contraster les caractères et souligner les visions respectives du  » daron ». Le style haché, sec et proche de l’oral percute, même si l’on y décèle aussi quelques envolées poétiques. Et puis, il y a la chute -géniale- qui a le don de nous secouer et d’inciter à la réflexion.

de Mahir Guven, Éditions Philippe Rey, 264 pages.

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