DE LENA DUNHAM, 2012

Elle est jeune (à peine 28 ans), new-yorkaise, drôle et spirituelle. Pas moche, mais pas vraiment une bombe non plus, avec sa coupe garçon et sa dégaine de petite boulotte. On la compare volontiers à Woody Allen -même ville, même manière de se mettre en scène, mêmes penchants pour l’auto-confession et le divan psy (elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs). Elle a également promis de ne pas se faire passer la bague au doigt tant que le mariage homo ne sera pas légalisé aux USA, et a réalisé un petit film pour expliquer que la « première fois » qu’elle l’avait fait, c’était avec… Barack Obama (en 2008, elle votait en effet pour la première fois en donnant son vote au sénateur de l’Illinois).

En à peine deux ans, Lena Dunham est devenue une nouvelle référence de la culture pop. Et un exemple du féminisme 2.0. Ce n’est pas un hasard si elle a choisi le média série télé. Pour la génération Y dont elle fait partie, c’est le format qui raconte peut-être le mieux aujourd’hui la réalité contemporaine américaine. Depuis la moitié des années 90, les séries télé ont fait leur révolution et ont permis de mettre à l’écran des personnages féminins inédits (et on ne parle pas de Joséphine ange gardien ou Julie Lescaut). Et diversifiés. Aujourd’hui, il est donc possible de suivre les rebondissements de la carrière politique d’une femme Premier ministre (Borgen), les obsessions d’une officier de la CIA (Homeland) ou la vie dans une prison pour femmes (Orange Is The New Black)…

Avec Girls, lancée en 2012 sur la chaîne HBO et produite par Judd Apatow, Lena Dunham prolonge elle une certaine idée de la série « girly », mais mise au goût du jour. Ses traits d’humour ironiques/doux-amers, par exemple, ont directement fait mouche. La crudité/réalisme de certaines scènes et dialogues, aussi. Le show a ainsi déjà remporté deux Golden Globes et Dunham est devenue la première femme à recevoir le Directors Guild Award for Outstanding Director in a Comedy Series. Girls tourne autour du personnage d’Hannah Horvath (Lena Dunham herself), jeune aspirante écrivaine qui doit se débrouiller à New York après que ses parents aient fini par lui retirer leur soutien financier. Elle trouve un appart avec sa meilleure amie Marnie, traîne avec Jessa, globe-trotteuse sexuellement offensive, et Shoshanna, étudiante plus réservée. Elle a aussi un mec -ou plutôt un sex friend avec lequel la relation a du mal à « décoller ». C’est tout? C’est tout, mais écrit avec finesse et esprit.

Prolongement fauché et autrement névrosé de Sex and the City, Girls a pu agacer certains: son casting de petites bourgeoises blanches dans une ville pourtant cosmopolite, son côté générationnel parfois clivant… N’empêche: en se penchant et en se concentrant sur du « particulier », Girls n’en montre pas moins des personnages universels et authentiques. Loin des canons de beauté classiques, Hannah est tout sauf glam, taille médium, montrant ses bourrelets à l’écran. Elle vit une relation foireuse, parle cul et avortement, se drogue, paraît à la fois déterminée et sonnée par l’époque… La série pourrait passer souvent pour plus « générationnelle » que « féministe ». Mais il ne faudrait pas se leurrer. En janvier 2013, Dunham expliquait encore:« Je sais que pendant longtemps j’étais embarrassée à l’idée de dénoncer telle attitude misogyne et de passer pour la chieuse qui n’arrête pas de se plaindre. Mais le fait est qu’on ne peut rien lâcher -en tout cas pas tant qu’on n’a pas senti que l’on a été entendues. »

L.H.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content