L’ACTEUR-RÉALISATEUR ITALIEN VIENT DE DONNER UNE SUITE À SON SUCCULENT DÉJEUNER DU 15 AOÛT, LE NON MOINS SAVOUREUXGIANNI E LE DONNE…

On l’avait laissé encadré de vieilles dames romaines avec qui il partageait Le Déjeuner du 15 août, son premier film; on le retrouve aux prises avec sa vieille mamma tyrannique, et quantité d’autres femmes encore, au c£ur de Gianni e le donne ( lire la critique dans Focus du 03/06), un second long métrage qui le voit tenter d’exercer son charme quelque peu fatigué à l’endroit de la gent féminine. Gianni, c’est Gianni Di Gregorio, acteur-réalisateur révélé sur le tard. Et qui poursuit, dans ce second long métrage, une £uvre savoureuse teintée d’autofiction, trouvant les contours de comédies guère résistibles qui transpirent la dolce vita en même temps que s’y disperse un parfum délicatement doux-amer.

A 62 ans bien frappés, Di Gregorio respire, pour sa part, tout sauf la mélancolie. Il reçoit, jovial, sur une large terrasse surplombant la porte de Namur, et il ne faudrait pas beaucoup se forcer, à vrai dire, pour partager avec lui une bouteille de ce vin blanc qu’il déguste sans modération sur la toile. Et de revenir, dans un français aux délicieux accents transalpins, sur les circonstances qui le conduisirent à passer de l’écriture de scénarios – Gomorra, c’était lui- à la réalisation.  » J’avais écrit l’histoire du Déjeuner du 15 août il y a plus de 10 ans. Mais aucun réalisateur ne voulait d’un film avec des dames de 90 ans. Quant aux producteurs, ils me traitaient de fou. »

Résultat: quand l’opportunité se présente, Di Gregorio réalise le film lui-même. Et puisque le budget ne permet pas d’engager un acteur de renom, il se retrouve des 2 côtés de la caméra:  » On n’arrêtait pas de me dire que cette histoire était un peu la mienne: celle d’un homme entre 2 âges, presque alcoolique, qui avait vécu avec sa mère. Et je me suis retrouvé acteur également…  »

Politique malgré lui

Trois ans, et un succès surprise plus tard, l’histoire repasse donc les plats: voilà Gianni tentant de sortir de sa petite prison personnelle, et de mollement jouer les séducteurs, alors que l’âge impose la transparence. « J’ai voulu exorciser les faits avec le film, s’amuse-t-il , avec l’espoir d’améliorer la situation, mais aussi d’en rire. » L’air de rien, la posture, qui s’assortit d’un vibrant hommage aux femmes, est moins innocente qu’il n’y paraît. Gianni, c’est en quelque sorte l’anti-Berlusconi baignant dans la Rubygate. « Je suis politique malgré moi », approuve-t-il, sans en tirer de gloire particulière:  » J’essaye de raconter des histoires modestes, sur des individus normaux, avec l’espoir de cueillir quelque chose d’universel.  »

Suggère-t-on alors qu’il serait l’héritier de la comédie à l’italienne qu’il en rougit presque:  » Merci, c’est un grand honneur. Je pense que la comédie à l’italienne a souffert, pendant 20 ans, de l’absence de capacité à rire de soi-même, à avoir de l’ironie, et même de la cruauté envers nous. Il n’y avait plus ce désir de regarder en nous. La comédie à l’ancienne parlait de l’individu, ou de problèmes sociaux, mais avec beaucoup d’auto-ironie. J’espère que l’on retrouve cette direction, et que mes petits films vont dans ce sens. » C’est peu de le dire…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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