Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

GAME OF TESTOSTÉRONE – UN PEU PUTASSIÈRE AUX ENTOURNURES, GAME OF THRONES CONJUGUE HEROIC FANTASY ET DRAME MÉDIÉVAL AVEC AUTANT D’HABILITÉ QUE D’OPPORTUNISME VIRIL. PHÉNOMÈNE.

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR DAVID BENIOFF ET D.B. WEISS. AVEC PETER DINKLAGE, RICHARD MADDEN, EMILIA CLARKE. DIST: WARNER.

Si vous n’avez pas encore goûté au phénomène mondial (série la plus téléchargée de 2012) qu’est Game of Thrones, bouchez-vous les oreilles pour les quelques lignes qui suivent. Parce qu’on va spoiler sec. En gros (on fait simple), dans la première saison, le Royaume des Sept Couronnes perd son roi en cours de route. Robert Baratheon meurt de sa belle mort, laissant à son fils Joffrey, haut comme trois insupportables pommes et précocement sadique, le soin d’administrer le territoire. L’ancien compagnon de route et bras droit de King Robert (on fait simple), Eddard Stark, met peu de temps à rejoindre son ami au paradis des pissenlits, la tête en moins. Et les fils et filles d’Eddard vont chercher, dans cette deuxième saison, à venger l’honneur de leur père. Les Stark, véritables héros de Game of Thrones, font partie des différentes familles seigneuriales très énervées qui s’impliquent, avec leurs armées respectives, dans cette guerre de succession.

C’est un passage quasi obligé. Dans la valise à bonus, le coffret DVD de Game of Thrones – saison 2 offre une brève rencontre avec les acteurs principaux de la saga. Lesquels, d’un air admirablement pénétré, entrent en profondeur dans la psychologie de leur personnage. On se rappelle alors ce qui manque singulièrement à cette série, pourtant adulée par une masse impressionnante de fans et par une bonne partie de la critique: un peu d’humour et de recul. Tout est très, trop, premier degré dans Le Trône de Fer. Etonnant de la part de HBO, chaîne défricheuse qui semble ici vouloir assurer la mise, envers et contre toute audace: si les lignes narratives imaginées par David Benioff (à qui l’on doit la formidable 25e heure de Spike Lee) et D.B. Weiss sont costaudes comme un roi dothraki et que certains dialogues ne manquent pas de piquant, l’ensemble reste quand même fort bas de plafond. Un peu vulgaire, un peu putassier, un peu outrancier: des scènes de sexe cheap aux démonstrations de violence gores, Game of Thrones, et ses épisodes interminables, se laisse regarder comme un jeu vidéo médiéval souvent pesant. Heureusement que Peter Dinklage et son rôle de nain consistant (sans jeu de mot) parviennent à insuffler une touche de finesse dans ce magma lourdingue.

Avec son air de Capitaine Igloo ayant avalé le Père Noël, George R.R. Martin, auteur des bouquins sources, nous paraît am- plement plus sympa et farfelu dans les bonus du coffret, quand il évoque les différentes religions à l’oeuvre dans son univers heroïco-médiéval. Et puisque le garçon est encore très en forme, qu’il continue à publier des suites à sa saga, HBO a de quoi suçoter le filon quelques années encore. Il se dit que la dimension fantastique, traitée de manière on ne peut plus anarchique et décousue dans les deux premiers opus, sera davantage creusée dans une troisième saison que la chaîne américaine s’apprête à diffuser. On demande à voir. Mais on n’insiste pas.

GUY VERSTRAETEN

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