Alors que Carl Barât sort son premier album solo (critique page 35) et fera tourner la tête de la Rotonde le 30 octobre, Peter Doherty se posera le lendemain à l’Aéronef lillois. Week-end libertin(es).

« Dès le début, ils étaient clairement en compétition, jaloux l’un de l’autre. Il fallait faire très attention à ne pas parler plus à l’un qu’à l’autre, sinon, c’était le drame. J’avais vraiment l’impression de m’occuper de 2 enfants, de 2 frères, et de marcher sur des £ufs. » Ces propos sortent de la bouche de Jeannette Lee, importante figure punk qui préside à la destinée de Rough Trade. Le label qui a mis la main, en décembre 2001, sur Carl Barât et Pete(r) Doherty.

 » Il y a toujours eu de la concurrence entre Peter et moi. Comment aurait-il pu en aller autrement?« , interroge Barât. En 3 ans et 2 albums, l’alchimie, la complicité et les frasques des 2 Libertines ont donné un violent coup de fouet au rock anglais. Et si l’aventure, faite de hauts et de bas, avait vécu dès décembre 2004, les chemins des 2 débauchés ne se sont séparés que pour mieux se recroiser. Les Libertines se sont reformés cet été et Barât suit les traces de son faux frère avec un disque en solitaire. Etude comparative. l

CARL ASHLEY RAPHAEL BARÂT – NÉ à BASINGSTOKE, LE 6 JUIN 1978 The Libertines

Carl est tout sauf le faire-valoir de Pete. Les 2 hommes se partagent les textes, les guitares et les voix. Barât, c’est la face la plus Kinks, voire Jam, du gang londonien. Celui qui recherche des paroles de Lennon à la bibliothèque anglaise quand son alter ego l’appelle pour entériner la reformation. Le pessimiste aussi.  » Je vois toujours les choses en noir. D’ailleurs, je me soigne. » On n’ira pas jusqu’à dire que Barât est le double angélique de Doherty mais ça a toujours été lui (jusqu’à ce que la picole le transforme quelques mois durant en sosie de l’Elvis boursoufflé de la fin) le beau gosse des Lib’s.

Dirty Pretty Things

En septembre 2005, Barât annonce la formation des Dirty Pretty Things. Outre Gary Powell, le batteur des Libertines, et le guitariste Anthony Rossomando, remplaçant de Doherty qui a aujourd’hui rejoint les Klaxons, Carlos engage Didz Hammond des Cooper Temple Clause. Le 1er album, Waterloo to Anywhere, tient la route et confirme son sens de la mélodie mais son successeur, Romance at short notice, est craignos.  » J’étais perdu. J’avais le nez dans la coke. J’ai voulu faire de ce groupe une démocratie. Je n’aurais sans doute pas dû. En même temps, je garde de l’affection pour certaines de ces chansons. »

En solo

Rock sixties, pop orchestrée, ambiance cabaret… Carl Barât a décidé de se faire plaisir et de sortir de la spirale indie rock avec cet album éponyme. Accompagné de Neil Hannon ou d’Andrew Wyatt (Miike Snow), le trentenaire, bientôt père, traverse plusieurs décennies de pop anglaise.  » Ce disque parle essentiellement d’histoires amoureuses mais il contient aussi de nombreuses métaphores décrivant mes relations avec Pete« , raconte-t-il en soulignant qu’il n’a pas eu le temps de réfléchir à l’avenir des Libertines.

À la Rotonde (Botanique) le 30/10 (complet).

PETER DANIELL DOHERTY – NÉ à HEXHAM, LE 12 MARS 1979 The Libertines

Teint pâle, yeux exorbités. Pete, c’est le rebelle, le dilettante, l’épicurien. Aussi extrême dans la joie que dans la déprime. Celui qui lit Orwell et Baudelaire. Adule les Smiths et Django. Et, à l’occasion, répond aux journalistes avec des chansons des La’s. Un peu de l’héroïsme du Clash combiné à la fragilité de la bande à Morrissey. Puis le côté destroy. La vie brûlée par les 2 bouts. Si les Libertines doivent incarner la réponse britannique aux Strokes, Doherty est sans doute plus rock’n’roll que les 5 New-Yorkais réunis.

Babyshambles

En 2003, quand il se fait éjecter des Libertines, jusqu’à ce qu’il ait résolu ses problèmes de drogues, Doherty forme les Babyshambles. Projet sur lequel il continuera de bosser pendant sa courte réintégration. Bordélique et rock’n’roll, un peu fourre-tout, certains diront fainéant, Down in Albion (2005) contient quelques hymnes de la trempe de Fuck Forever et respire la sincérité ( Back from the Dead). C’est l’époque où Pete, quand il est là, salope 2 concerts sur 3. Celle où on ne donne plus cher de sa peau. Sorti 2 ans plus tard, Shotter’s Nation a les mêmes qualités et défauts que son prédécesseur.

En solo

Lors du réveillon de nouvel an 2005, Doherty donne un petit concert à la guitare acoustique dans son appartement londonien et dévoile quelques-uns de ses efforts solitaires. Il faudra attendre mars 2009 pour la sortie de Grace/Wastelands, son premier album solo. Treize titres dépouillés d’une délicatesse rare portés par une voix d’outre-tombe (pour la petite histoire, Pete a jadis travaillé dans un cimetière) fatiguée comme toujours par les excès. Le Rimbaud punk semble néanmoins s’être refait une santé et a, jusqu’à preuve du contraire, perdu la mauvaise habitude d’annuler ses concerts. l

À l’ Aéronef (Lille) le 31/10.

Texte Julien Broquet

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