UN 45 TOURS SORTI CHEZ ROCKERILL RECORDS SOUS LE BRAS, LES SCRAP DEALERS SECOUENT LE COCOTIER LIÉGEOIS.

Si les encore jeunes Scrap Dealers, coming from Liège, ont organisé le premier concert de Mountain Bike, leur premier gig à eux, ils l’ont donné à l’occasion d’un freak show. Un cabinet de curiosités itinérant et rock’n’roll où se mêlent percés, tatoués, fakirs et mangeurs de sabres… Princess Tweedle Needle, une Hollandaise qui se plante des aiguilles partout, refuse d’ailleurs de se produire devant des gosses. « C’est un festival nomade assez farfelu emmené par une bande de SDF suisses, raconte Régis. Une trentaine de mecs qui voyagent en camping-cars avec leur spectacle de monstres. Ils nous avaient abordés dans la rue par hasard pour qu’on aille voir leur truc et quand on leur a dit qu’on faisait de la musique, ils nous ont proposé de jouer. On a tourné avec eux en Suisse l’an dernier.  »

Anciens étudiants en infographie et en communication sans emploi (« seul l’un de nous a un boulot et il vend des chaussures« ), les Scraps ont quelques dizaines de concerts derrière eux aujourd’hui. La Casa Nicaragua, le Garage, la Zone. Beaucoup de Wallonie, quelques clubs en Allemagne et aux Pays-Bas. Le Pit’s à Courtrai aussi… « Garage, c’est devenu l’étiquette qu’on te colle dessus dès que tu fais du rock’n’roll. C’est carrément devenu une mode. A la base, on se considérait comme ça. C’est pas que ça me gêne aujourd’hui mais on fait d’autres choses aussi. Plus psychés, plus punks… » Il y a quelques mois, les Ferrailleurs ont sorti un 45 tours chez Rockerill Records enregistré avec Dirty Coq jusque dans sa salle de bains… « C’est vraiment le support qui nous intéresse. Le Compact Disc passe de plus en plus inaperçu. A fortiori pour des groupes comme le nôtre et les gens qui s’intéressent à notre genre de musique. Notre premier album qu’on a déjà enregistré n’aura probablement pas de version CD. Nous n’avons de toutes façons pas assez de thunes pour les deux. » « Moi, mon truc, c’est le 45,insiste Mika Hell, la plaque tournante du Rockerill. Je peux aider davantage de groupes. Je mets 200 boules. Donne le meilleur de toi-même. Pas besoin que tu te branles la clinche pour me sortir un 33 dont la moitié est à benner. De toute manière, moi, quand je parle garage, je mets tout, rock, punk, psyché ou que sais-je encore, dans le même sac.  »

Mika organise des concerts depuis pratiquement dix ans maintenant. « Les fans de punk, de ska, de métal à Charleroi sont très différents. Et moi, ça m’emmerde d’attirer 100 gugusses et de pouvoir filer qu’un billet de 20 aux groupes que je fais jouer. C’est pour ça que je ne veux pas d’étiquette et que je mélange tout. Le 19 juin, je fais venir Vibravoid, un truc bien psyché, et je lance la soirée avec le blues hip hop de Scarecrow. Chez nous, j’ai déjà vu des punks danser sur de la techno à quatre heures du mat…  »

Ku Klux Klan rose fluo

Mountain Bike, les Scrap Dealers, Thee Marvin Gays, les Français de Regal installés à Tournai, le synth punk garage du Prince Harry, la dream team liégeo-bruxelloise Tache… Les groupes garage au sens plus ou moins large du terme ne courent pas non plus les rues en Wallonie et à Bruxelles. « Le premier truc garage belge que j’ai entendu, un garage à la Cramps/Jon Spencer Blues Explosion, c’était The Experimental Tropic Blues Band, note Etienne de Mountain Bike. Il y en a un qui se désapait, se plantait le jack entre les fesses. C’était quelque chose. » « Le garage a toujours été dans notre ADN. Que ce soit du rétro ou des choses plus modernes, explique le batteur des Tropic, Devil D’Inferno en train de bosser sur le spectacle des Belgians pour les Nuits Botanique. Mais c’est vrai que chez nous, dans le style, tu as relativement vite fait le tour des groupes et des salles de concerts.  »

« Je pense que cette scène revival garage psyché arrive tout doucement à sa fin. Tu as l’impression d’entendre le même groupe tout le temps, assène Mika. On me demande régulièrement de sortir des disques. Mais c’est souvent trop pop, trop propre, ou totalement dénué d’originalité et d’intérêt. Ty, Thee Oh Sees, ok. Ce sont des Californiens, ça vient de chez eux. Mais on va pas en sortir 50 comme ça ici. Faut par ailleurs qu’il se passe des trucs sur scène. Je ne veux pas juste des clowns. Mais je veux de la musique et de l’action. Sects Tape par exemple a un truc avec ses cagoules du Ku Klux Klan rose fluo.  » « Elzo Durt, Tom du Watermoulin, Mika au Rockerill, la Plastic Team à Liège… Ce sont eux qui font vivre la scène plus que les groupes eux-mêmes, conclut Charles. Ils se saignent. Organisent des concerts. Sortent des disques. L’Equipe aussi monte quatre ou cinq gigs par mois à Bruxelles. Que ce soit au DNA, au Chaff ou au London Calling. Ce sont des illustrateurs collectionneurs de disques et fans de garage. Sans ces types, tu ne tournes pas. Et si tu ne tournes pas, tu ne joues pas. On a besoin de mecs qui prennent leurs couilles en main… »

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