INVENTEUR DU SPAGHETTI ROCK, LE LEADER DE ROMANO NERVOSO, GIACOMO PANARISI, CULTIVE L’ART DU TACLE. TESTA DURA…

Dans un monde aseptisé où tout est devenu lisse, où plus rien ne peut dépasser (à tous le moins émanant de personnages publics), la pensée libre, la parole vraie et le mot provocateur ont depuis quelques années perdu de la voix… L’ouvrir, charger, donner son avis, forcément tranché, et plutôt à la tronçonneuse qu’au cutter, Giacomo Panarisi, le leader de Romano Nervoso, s’en est fait une spécialité. « Ma grande gueule vient, je pense, avant tout de mon côté sicilien, revendique-t-il dans les coulisses du Botanique où il défend son nouvel album Born to Boogie. Les Siciliens parlent haut et fort. Suffit de regarder comment ils se la jouent dans les films de mafieux américains… A La Louvière, on a tous des grandes gueules. On aime être franc et direct avec les gens. J’ai par ailleurs toujours aimé des artistes revendicateurs. Des mecs qui chacun à leur manière disaient vraiment ce qu’ils pensent. Rage Against the Machine, Nirvana, les Sex Pistols, Oasis… Les Gallagher, si on les cherche, ils castagnent. Ils assument jusqu’au bout. « Fuck You, I Won’t Do What You Tell Me », comme chantait Zack de la Rocha quand j’avais treize ans… »

Dans les médias, jamais langue de bois, plutôt langue de pute, Panarisi prend un malin plaisir à critiquer le business de la musique et à dénoncer son système. A secouer les mous du genou, égratigner le pop rock Pure FM et les télécrochets. L’une de ses marottes, une ambulance: le jury de The Voice Belgique. « C’est quand même de la vaste blague. L’émission est déjà pas glorieuse. Mais bon, quand Tom Jones ou même Bertignac te dit un truc, tu le crois. Quand c’est Marc Pinilla, tu lui demandes: « T’es sûr? Tu veux pas que je refasse le morceau? » Suarez, c’est pas un bâton qu’il donne pour se faire battre, c’est un marteau. J’ai aussi essayé Rising Star,j’avoue… la connerie est hypnotique. »

Délinquants

Giacomo le sait. Il en a même fait son fonds de commerce. Il est l’un des derniers spécimens d’une espèce en voie de disparition. « Tu as de temps en temps Courtney Love qui se lâche. Un Murat qu’on invite pour qu’il l’ouvre et que ça change un peu de la banalité de la télé… Professionnellement, ma grande gueule m’a ouvert quelques portes et en a reclaqué d’autres. Dans la vraie vie, elle m’a valu quelques bonnes bagarres. Forcément, balancer te crée des emmerdes. Les mecs de Montevideo étaient apparemment pas très contents… Certains pensent que je fais vraiment le malin et que je suis un prétentieux. Mais ceux qui me connaissent savent qu’il y a beaucoup d’humour dans ce que je dis.  »

Sur le deuxième album de Romano, qui sent bon son amour de la chanson italienne, des squette braguettes, du vieux punk (New York Dolls, Heartbreakers) et du rock catchy à la Hives, un disque sur lequel il revisite l’un des premiers tubes de l’été français (Aline) dans la langue de Celentano -« ça a d’autant plus de sens que Christophe est né Daniel Bevilacqua » (il est le fils d’un entrepreneur en maçonnerie italien, ndlr)-, Giacomo va jusqu’à se payer la tête de Berlusconi en intro de Not Born in the USA. Samplant un discours où Silvio lèche les pompes de Bush et se fait humilier en guise de récompense. « Deux délinquants. Ça collait bien avec ce morceau qui parle du côté néfaste des Etats-Unis. En même temps, pour l’instant, le gouvernement belge fait quand même relativement peur. Que réserve l’avenir à des villes comme La Louvière, Charleroi ou Liège, habituées au socialisme et où les gens -je dis pas que c’est une bonne chose- baignaient jusqu’ici dans l’assistanat? On va bientôt avoir Le Bronx et Compton dans le Hainaut.  »

Enregistré avec Colonel de Party Harders, Straight Out of Walifornia est d’ailleurs un clin d’oeil au Straight Outta Compton de N.W.A. « Le message est le même. On a grandi dans des villes un peu rudes. Mais même si on vient de quartiers de merde, on vaut quelque chose. On est fiers d’être là et on va vous botter le cul. » Dont acte.

BORN TO BOOGIE, DISTRIBUÉ PAR MOTTOW SOUNDZ.

7

LE 07/11 AU FOYAU (LUSTIN).

RENCONTRE Julien Broquet

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