Fontaines de jouvence

De l’autre côté de la Manche, le renouveau du rock est irlandais. Les jeunes Dublinois de Fontaines D.C. s’apprêtent à faire couler beaucoup d’encre.

N’en déplaise aux fossoyeurs et aux grincheux, le rock n’est pas mort. Il intéresse même toujours les gamins. Et tout particulièrement du côté de Dublin. Selon le New Musical Express, la capitale irlandaise serait d’ailleurs devenue le nouveau bastion du punk. Et avec leurs potes de The Murder Capital qui figurent déjà à l’affiche de Werchter, les petits mecs de Fontaines D.C. semblent pour l’instant posséder quelques longueurs d’avance sur la concurrence. Né il y a quelques années sur les bancs de l’université, Fontaines D.C. ne porte pas la crête et l’épingle à nourrice mais s’est déjà taillé une solide réputation scénique. Il a tourné avec Shame au Royaume-Uni et avec Idles (comme lui signé sur le label Partisan) en Europe et aux États-Unis. Il s’est aussi distingué avec une poignée de singles directs et accrocheurs. Puis un clip dans lequel un petit roux sûr de lui déambule dans les rues de Dublin et lève les bras au ciel en hurlant I’m Gonna Be Big. Authenticité et vulnérabilité, conscience sociale et insouciance de la jeunesse… Les Fontaines D.C. sont profondément inspirés par leur capitale et sa poésie. Celle de William Butler Yeats et de James Joyce dont ils aiment la beauté cryptique et qu’ils citent d’ailleurs dans l’une de leurs chansons ( Boys in the Better Land)…

Dogrel? « Vers de mirliton. Poésie grossière, de piètre valeur artistique. » À en juger par le titre de leur disque, les cinq garçons dans le vent ont le sens de l’humour. Fontaines D.C. doit son nom à Johnny Fontane. Ce personnage du Parrain inspiré par Frank Sinatra. Et ils y ont ajouté les initiales de Dublin City. La capitale irlandaise et la vie urbaine sont aussi présentes dans leur premier album que New York dans l’oeuvre de Lou Reed. Leurs chansons parlent de la dépendance à l’héroïne dans des villes aux cafés fantaisistes et aux politiciens souriants, de l’ambition maladive ou encore de la gentrification et de ce qu’elle signifie pour la culture…

Fontaines de jouvence

Après une poignée de 45 Tours, les cinq potes (ils ont le début de la vingtaine) ont enregistré leur premier long format cet automne. Héritiers des Pogues et de Girl Band, fans des La’s et des Beatles dont ils voulaient à la base devenir une version punk, les Irlandais ont du Velvet Underground, du Modern Lovers, du Fall et du Clash dans leur ADN. Emmenés par le charismatique Grian Chatten, le seul natif de Dublin, qui roule les « r » et joue de son accent super prononcé, les Fontaines D.C. ont d’une certaine manière des allures de Parquet Courts britanniques. Et si quelques morceaux moins percutants et plus tièdes se sont glissés çà et là, Dogrel se présente comme une intéressante carte de visite et une prometteuse collection de tubes.

Fontaines D.C.

« Dogrel »

Distribué par Partisan/Pias.

7

Le 19/04 au 4AD (Dixmude) et le 10/07 au Dour Festival.

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