Filmer la légende *

C’est à une entreprise aussi vaste que passionnante que se livrent Florence Arié et Alain Korkos dans Filmer la légende, à savoir appréhender l’Histoire des États-Unis telle que le cinéma américain s’est plu à la dépeindre depuis son invention. Quelque 130 films, du Nouveau Monde de Terrence Malick à The Big Short d’Adam McKay, en passant par The Birth of a Nation de D.W. Griffith, Bonnie & Clyde d’Arthur Penn, ou Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, nourrissent le propos, brossant un tableau chronologique circonstancié du récit étatsunien, des premiers temps de la colonisation à l’esclavage, de la conquête de l’Ouest à la Grande Dépression, de la guerre du Viêtnam à la crise des subprimes. Si l’on n’est pas obligé d’adhérer inconditionnellement aux jugements esthétiques parfois expéditifs portés par les auteurs – 12 Years a Slave de Steve McQueen,  » d’une incroyable platitude tant dans le fond que dans la forme« , The Thin Red Line de Terrence Malick encore, ravalé au rang de  » fatras« … -, la grille de lecture proposée s’avère résolument féconde. Mises en perspective fouillées, variations sur un même thème, porosité entre réalité et fiction – » Print the Legend« , en un leitmotiv emprunté au Liberty Valance de John Ford-, passerelles nombreuses et parenthèses utiles (couvrant aussi bien la naissance des banlieues américaines que les origines du portrait du Che passé à la postérité), les analyses combinent acuité, pertinence et liberté de ton. Et imposent une vision inédite du cinéma hollywoodien, inépuisable pourvoyeur de mythes, au confluent du fantasme et de la vérité historique.

Filmer la légende *

De Florence Arié et Alain Korkos, éditions Les Prairies Ordinaires, 440 pages. Prix: environ 20 euros.

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