Fête des mères

Sur Cusp, son cinquième album, Alela Diane, 34 ans, retrouve ses ailes de fée et célèbre la maternité.

Il y a un peu plus de dix ans, une vague de jeunes Américaines en fleurs déferlait timidement sur le devant de la scène. Une guitare sous le bras et des comptines délicates plein leur sac à main en toile de jute, elles ramenaient au folk une touche bienvenue de fraîcheur et de féminité. À la tête de cette génération bercée par les disques de Karen Dalton et de Vashti Bunyan, on trouvait une douce Californienne originaire comme sa copine Mariee Sioux et la harpiste Joanna Newsom de Nevada City: un petit patelin paumé d’à peine 3000 habitants.

Alela Diane a aujourd’hui 34 ans et deux enfants. Elle chante l’expérience d’être maman sur son nouvel album Cusp, écrit lors d’une résidence de trois semaines à Caldera, Oregon, dans un chalet enfoui au fin fond de bois enneigés. Si pour la première fois depuis la naissance de son premier enfant, celle qu’on surnommait jadis la fée du folk s’était décidée à passer du temps seule et à prendre soin d’elle, c’est enceinte qu’elle enregistra ces mêmes morceaux quelques mois plus tard. Frôlant même la mort lors de l’accouchement.

Oh! My Mama

Comme plein d’autres avant elle, Alela Diane n’a jamais retrouvé la magie boisée et la simplicité désarmante de son premier album, ce Pirate’s Gospel dépouillé avec ses allures de manifeste folk. Cusp, son cinquième disque (le sixième si l’on comptabilise Cold Moon, en 2015, en duo avec Ryan Francesconi), est en ce sens une bonne surprise. Alela ne signe pas ici un disque en solitaire, grattouillant de ses doigts agiles les cordes de sa guitare acoustique dans un silence religieux. Elle touche cependant à cette forme de simplicité qui s’était mise à lui manquer. Plus que dépouillée, Cusp est une oeuvre aérée. Un disque qui plane comme cet Albatross, son piano et ses cordes sur lesquels il prend son envol. C’est avec un grand piano d’ailleurs (la faute à un ongle de pouce cassé peu compatible avec sa technique de jeu au doigt) que la folkeuse a écrit ses nouvelles chansons.

Fête des mères

Enregistré à Portland, au Flora Recording and Playback, produit par Peter M. Murray et mixé par Noah Georgeson, Cusp a du savoir-faire. Y sont invités Francesconi (Joanna Newsom), Rob Burger (Iron & Wine), Peter Broderick, Heather Woods Broderick (Sharon Van Etten), Daniel Hunt (Neko Case) et Luke Ydstie (Blind Pilot). Le disque voit défiler The Threshold et ses arrangements nick drakiens, Song for Sandy en hommage à Sandy Denny morte avec une fille en bas âge, le déchirant Emigré dans le clip duquel elle affiche un visage soucieux devant sa progéniture, ou encore So Tired, complainte de femme épuisée. Sur son premier album, Alela Diane rendait hommage à sa génitrice à travers le désarmant Oh! My Mama. Avec Cusp, elle explore la beauté et les responsabilités d’être maman. Mother talking.

Alela Diane

« Cusp »

Distribué par Pias.

7

Le 13/02 au Vooruit (Gand) et le 24/04 au Théâtre de l’idéal (Tourcoing).

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