Femme fatale

Basic Instinct, le classique de Paul Verhoeven, ressort en version restaurée. Un modèle de thriller vénéneux d’inspiration hitchcockienne.

Un film de Paul Verhoeven chasse l’autre sur les écrans: sa Benedetta ayant tout eu d’un pétard mouillé, voilà que ressort aujourd’hui, en version restaurée, Basic Instinct, thriller estampillé années 90 ayant largement contribué à la gloire du réalisateur néerlandais; un opus dont le temps, avec son effet déformant, semble avoir amplifié la réputation sulfureuse. En cause, bien sûr, une scène d’interrogatoire et de jambes croisées et décroisées dévoilant l’intimité de Sharon Stone, et n’ayant cessé, depuis, de défrayer la chronique par intermittence, l’actrice en rajoutant d’ailleurs une couche récemment dans ses mémoires. Et puis, quelques scènes dénudées venues pimenter l’affaire, comme le meurtre au pic à glace en ouverture, histoire de poser le film en modèle de thriller érotique, un genre qui devait faire florès dans la foulée.

Intrigue retorse

Ayant San Francisco pour cadre, Basic Instinct s’ouvre donc sur un meurtre sauvage, celui d’une rock star rangée des tournées et frayant désormais avec les huiles de la ville, tuée d’innombrables coups de pic à glace par une inconnue alors qu’ils étaient en train de faire l’amour. En charge de l’enquête, l’inspecteur Nick Curran (Michael Douglas), un flic se débattant avec ses propres démons et un passé chargé, commence à s’intéresser à Catherine Tramell (Sharon Stone), romancière doublée d’une femme fatale; le genre à lui assurer d’entrée, au sujet de sa relation avec la victime:  » I wasn’t dating him, I was fucking him » . Et par ailleurs une suspecte idéale, le crime reproduisant une scène d’un de ses romans, alors que son histoire personnelle est pavée de morts mystérieuses; de quoi, en tout état de cause, dûment ferrer Tramell…

Femme fatale

Héroïne des deux derniers films de Verhoeven, Elle et Benedetta, Virginie Efira nous confiait l’impact qu’avait eu sur elle et son éveil au féminisme la composition de Sharon Stone dans Basic Instinct,  » une femme ne se sentant pas coupable de son désir, ne laissant pas le terrain de la sexualité aux hommes, et décidant d’inverser le rapport domination-soumission« . L’actrice en impose en effet dans le rôle qui la consacra star, son duo avec Michael Douglas restant un classique du genre. Au-delà, et en dépit de son esthétique clinquante quelque peu datée, Basic Instinct n’a rien perdu de ses qualités de thriller vénéneux et tortueux, baladant le spectateur au gré d’une intrigue que le scénariste Joe Eszterhas a conçue particulièrement retorse. Verhoeven y démontre par ailleurs avoir parfaitement assimilé les ressorts de la mécanique hitchcockienne, et tant l’obsession entretenue par Nick Curran que les longues filatures dans la géographie de San Francisco évoquent Vertigo. Même si, en matière d’érotisme, Hitch préférait la suggestion…

Basic Instinct

De Paul Verhoeven. Avec Michael Douglas, Sharon Stone, Jeanne Tripplehorn. 2 h 08. 1992. Sortie: 06/10.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content