Farouches

Dans un futur proche, la Ligurie, entre Gênes et Marseille, a regagné une forme d’autonomie. Elle concentre désormais riches couples expatriés, vieux paysans autochtones, mais aussi quelques complexes commerciaux et barres d’immeubles. C’est sur cette scène imaginaire que Fanny Taillandier a décidé de placer la lente action du deuxième temps de sa série Empires, après Par les écrans du monde. L’autrice veut retrouver les traces d’une essence commune entre le nord de l’Italie et le sud de la France, malheureusement défigurée par les errances ineptes d’une modernité noyée dans l’individualisme et le consumérisme. Ainsi, le couple formé par la lasse Baya et l’ancien marlou Jean s’ébat dans une inanité existentielle entre running, piscine privée et clubs quelconques. Autour d’eux, pourtant, une menace rôde: hordes de sangliers, cité-poudrière, voisins suspects… D’où surgira le coup porté à la monotonie de ces journées de parvenus autosatisfaits, pour lesquels Taillandier n’éprouve aucune sympathie? Si l’on sent bouillonner les thèses sous-jacentes -frontière entre civilisation et barbarie, animaux humains et non humains-, l’hyper intérêt porté aux détails peine ici à camoufler un écueil majeur: celui d’une écriture désincarnée, portée par une autrice surplombant tellement la scène que le lecteur n’y trouve pas sa place.

De Fanny Taillandier, éditions du Seuil, 288 pages.

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